2.2.1.3. La datation

A partir de la moitié du texte, dans le chapitre plus long, l’auteur introduit la datation des entretiens. L’expérience du narrateur-témoin prend ainsi la forme du journal intime scientifique. Parfois, ces datations ont une fonctionnalité purement rythmique, tout en créant des coupures qui allégent un récit qui se complique, comme dans le cas de T.L., (p.118). La narration de son histoire est une des plus étendues. Dans une première section, le narrateur reconstruit le long itinéraire thérapeutique du consultant qui souffre « d’impuissance partielle » depuis dix ans. Le parcours est d’abord scandé par l’indication des années (1965, 1967, 1970) et d’une longue description des étapes. La datation en italique ne vient pas fixer l’arrivée du présent de l’énonciation. Paradoxalement elle sert pour recommencer la narration à nouveau.

Dans d’autres cas, la datation sert d’appui au portrait de l’immigré, comme dans l’histoire de Y.T. Ici l’insertion des dates vient souligner le caractère du consultant : « Un homme posé, méticuleux et très précis. Quand il évoque un événement, il le date toujours. » (120). Le journal qui en ressort se propose alors comme un double du « vrai » qui aurait pu exister mais auquel nous n’avons pas accès.