1.1.1. Modèle à étapes (Frith, 1985)

Le modèle d’acquisition de la lecture le plus présenté est celui de Frith (1985) ce modèle décrit l’installation progressive des deux voies d’accès au lexique et propose trois procédures dénommées respectivement logographique, alphabétique et orthographique. La procédure logographique serait fondée sur une reconnaissance globale des mots à partir d’indices visuels saillants et dans laquelle l’information de nature phonologique ne jouerait aucun rôle. La procédure alphabétique serait caractérisée par un décodage séquentiel des lettres dans le mot, l’enfant s’appuyant alors sur la connaissance qu’il a des lettres et de leur correspondant sonore. Enfin la procédure orthographique permettrait l’analyse du mot écrit, sans recours à la phonologie, sur la base du code orthographique uniquement. Frith ajoute qu’à cette étape le morphème pourrait être une unité de traitement pertinente pour la reconnaissance des mots écrits, puisque « idéalement » (Frith, 1985, p.306) les unités orthographiques correspondraient aux morphèmes.

La critique généralement adressée au modèle de Frith est d’être trop généraliste d’une part, et d’autre part, la stricte successivité des étapes est remise en cause, au moins pour la procédure logographique (Rieben, 1993 ; Sprenger-Charolles, 1992 ; Sprenger-Charolles, & Bonnet, 1996 ; Sprenger-Charolles, & Khomsi, 1989 ; Stuart & Coltheart, 1988). En effet, la procédure logographique est fondée sur la mémorisation de caractéristiques visuelles des mots, dont certaines sont non spécifiques. Les enfants s’attachent davantage à des indices contextuels pour reconnaître des mots comme Coca – Cola ou McDonald’s qu’à des indices linguistiques, même partiels (Hiebert, 1978 ; Goodall, 1984 ; Gough, Juel & Griffith, 1992).