1.2.2. Modèle des analogies (Gombert, Bryant, & Warrick, 1997)

Gombert, Bryant et Warrick (1997) ont proposé un modèle d’apprentissage de la lecture intégrant des processus analogiques mis en place précocement entre certaines configurations de lettres et leur prononciation. Plus précisément, le lecteur débutant pourrait s’appuyer pour lire des mots nouveaux (ou des pseudomots) sur une double base de connaissances provenant à la fois de connaissances visuelles, extraites lors de la fréquentation répétée de mots écrits, et de connaissances phonologiques, issues de la maîtrise de la langue orale. L’hypothèse de ces auteurs est que l’apprenti lecteur pourrait s’appuyer sur des analogies entre les mots à partir d’unités du type de l’attaque et de la rime. L’enfant pourrait ainsi repérer des régularités entre certaines configurations de lettres et leur prononciation, ce qui constituerait une aide dans l’apprentissage de la lecture. Toutefois dans ce modèle l’attaque et la rime sont rassemblées sous la dénomination de « sensibilité à certaines unités infrasyllabiques » et ne sont pas clairement retenues en tant qu’unités fonctionnelles de lecture. Gombert (2003) incorpore ces unités dans un modèle d’apprentissage implicite de la lecture sous la forme de régularités prise en compte implicitement par l’enfant au tout début de l’apprentissage de la lecture. Ces régularités pourraient être extraites bien avant l’apprentissage formel de la lecture, dès que l’enfant serait en contact avec l’écrit. Ces connaissances acquises implicitement pourraient alors être réinvesties lors de l’apprentissage de la lecture et servir de base à l’installation des traitements alphabétiques puis orthographiques.

Nous retenons de ces processus analogiques les liens entre les codes orthographique et phonologique et l’importance de l’apprentissage implicite dans l’apprentissage de la lecture. Ce dernier constitue l’un des mérites de ce modèle, puisque aucun modèle antérieur ne s’était intéressé à la dimension implicite de l’apprentissage.

Toutefois, l’attaque et la rime pourraient ne pas être les seules unités infralexicales concernées par ces processus d’analogie. Suivant le raisonnement de Gombert et al. (1997) nous pouvons émettre une hypothèse sur la syllabe. La syllabe est une unité facilement manipulée à l’oral par l’enfant pré lecteur et la syllabe pourrait dès lors, au même titre que l’attaque et la rime, représenter une source d’analogie possible entre les mots du fait de sa disponibilité à l’oral.