1.2.3. Modèle d’activation des niveaux orthographique et phonologique (Colé, Magnan, & Grainger, 1999)

Un modèle proposé pour les apprentis lecteurs français, reprenant l’idée d’une progression entre différents formats d’unités ortho-phonologiques est le modèle proposé par Colé, et al. (1999). Ce modèle s’appuie sur un modèle connexionniste, le modèle Multiple Read-Out Model including Phonology (MROM-p, Jacobs, Rey, Ziegler, & Grainger, 1998) qui propose une architecture bimodale comportant deux sources d’information indépendantes, une source orthographique et une source phonologique, disponibles parallèlement pour contacter les représentations lexicales. Trois niveaux sont interconnectés : les unités sémantiques, les lexiques orthographiques et phonologique et les unités infralexicales orthographiques et phonologique. Ce modèle prédit que les représentations lexicales peuvent être activées à la fois par des codes orthographiques et des codes phonologiques, l’influence des codes phonologiques dépendant du temps de traitement nécessaire au développement de ces deux codes.

S’appuyant sur ce modèle, Colé et al. (1999) proposent de spécifier la nature des unités phonologiques infralexicales en les faisant correspondre à la syllabe orale. Seymour (1997) proposait que l’apprentissage la lecture progresse des petites unités vers des unités plus larges, sous l’effet de l’enseignement. Colé et al. (1999) avancent l’idée que ces unités plus larges pourraient être représentées par la syllabe orale. Plus précisément, après apprentissage des règles de correspondance graphème-phonème, les unités pertinentes pour le traitement du langage oral (en l’occurrence la syllabe, en français) pourraient médiatiser la reconnaissance d’un mot écrit. Les unités infralexicales phonologiques sollicitées dans le traitement de l’écrit pourraient être les syllabes de l’oral, dans la mesure où l’oral préexiste à l’écrit et que la syllabe semble être une candidate de choix pour la segmentation du flux de parole, tout au moins en français. Colé et al. (1999) proposent donc, que les séquences de lettres correspondant aux unités phonologiques infralexicales soient spécifiées sous la forme d’ unités syllabiques. L’unité syllabique servirait en quelque sorte d’interface entre le code écrit et le code oral, facilitant la reconnaissance d’un mot puisque l’unité phonologique est déjà connue et semble particulièrement économique d’un point de vue cognitif. Il est en effet plus économique de n’avoir à coder que /mar/ + /di/, soit deux unités, que d’avoir à coder /m/+/a/+/r/+/d/+/i/ soit cinq unités, pour reconnaître le mot « mardi » (Bastien-Toniazzo, Magnan, Bouchafa, 1999).