3. Synthèse du chapitre 2

Au cours de ce chapitre nous avons vu que la problématique de la syllabe dans la perception de la parole chez l’adulte s’était déplacée d’une hypothèse de classification vers une hypothèse de segmentation. Si l’unité syllabique n’est pas une unité prélexicale, elle pourrait néanmoins servir d’indice de segmentation du flux de parole. Toutefois une forte remise en question de l’effet syllabique au travers des travaux de Content et al. (2001) en français, suggère d’approfondir la nature des faits linguistiques impliqués dans la délimitation de la frontière syllabique en perception auditive et de vérifier si ces contraintes ne pourraient pas également avoir une influence sur le traitement des mots à l’écrit. En perception visuelle, les études anglo-saxonnes ont montré que l’effet syllabique pouvait s’expliquer selon l’hypothèse de la redondance orthographique. En revanche, les études françaises ont montré un effet syllabique qui dépendrait à la fois de contraintes orthographiques et phonologiques, conduisant à revoir l’architecture des modèles connexionnistes actuels par l’ajout d’un niveau de représentation syllabique dans la reconnaissance visuelle des mots. Chez l’enfant, nous avons vu que la syllabe pouvait être considérée comme l’unité par laquelle s’initierait l’acquisition du langage. Si la syllabe est une unité de traitement pertinente pour l’analyse du langage parlé, la question s’est posée de savoir si la syllabe pouvait être une unité utilisée lors de l’apprentissage de la lecture. Les résultats des études à ce sujet ont montré qu’il était possible d’envisager la syllabe comme une unité de transition entre la maîtrise du code alphabétique et du code orthographique. La syllabe pourrait en effet faciliter l’apprentissage de la lecture dans la mesure où l’unité syllabique serait une unité disponible chez l’enfant avant cet apprentissage via l’expérience de l’oral. L’influence d’une unité de type grapho-phonologique a également été mise en évidence au travers de tâche de copie de mots, et comme pour la lecture, cette unité est estimée comme transitoire et facilitatrice du traitement de l’écrit en mémoire de travail. A l’issue de ces résultats, il semblerait intéressant d’envisager l’utilisation du traitement syllabique dans le cadre d’une aide à l’apprentissage de la lecture pour enfants en difficulté.