2.1.2. Bénéfice de l’entraînement en fonction de l’âge des enfants

Wise, Ring et Olson (1999) ont défini deux programmes d’entraînement différents, dans le but d’examiner si un entraînement entièrement consacré à l’analyse phonologique ne pouvait pas donner de meilleurs résultats qu’un entraînement dédié aux stratégies de compréhension de textes. Des enfants faibles lecteurs de deuxième à la cinquième année d’apprentissage ont été entraînés à deux programmes différents. Le seul point commun à ces deux groupes était la lecture de textes sur ordinateur avec rétroaction verbale et les vingt-neuf heures d’entraînement informatisé. L’entraînement a duré six mois. Dans un groupe, appelé « analyse phonologique », une partie de l’entraînement consistait à développer les compétences des enfants en analyse phonologique en petits groupes. Sur les vingt-neuf heures d’entraînement sur ordinateur, les enfants de ce groupe ont suivi entre sept et neuf heures d’exercices destinés à améliorer leur conscience phonémique, leurs capacités de décodage des mots comme à mettre en relation les sons avec leurs gestes articulatoires. Ces enfants ont également utilisé un logiciel, « Marvin » (Lindamood-Bell CD-Rom program), dans lequel un personnage (« Marvin ») prononçait un pseudomot. La tâche de l’enfant était de choisir parmi plusieurs propositions affichées à l’écran celle qui correspondait au pseudomot entendu. Enfin, un dernier logiciel, « Spello » (Wise, et al. 1992) dictait un mot que l’enfant devait écrire en utilisant le clavier de l’ordinateur. Un autre groupe, appelé « lecture correcte en contexte » a bénéficié d’un entraînement essentiellement fondé sur le développement de stratégie pour la compréhension de textes en petit groupe durant sept à neuf heures. Le reste du temps était consacré à la lecture de textes avec rétroaction verbale au cours de laquelle les sujets devaient réutiliser les stratégies de compréhension apprises en groupe. L’analyse des résultats à différentes tâches concernait les habiletés phonologiques, le décodage phonologique, la lecture de mots en temps limité ou non, les compétences orthographiques ainsi que la compréhension en lecture. En premier lieu, aucun bénéfice du type de segmentation, mot entier versus syllabe n’a pu être mis en évidence entre les groupes, contrairement aux résultats de Olson et Wise (1992). Les enfants du groupe « analyse phonologique » ont amélioré leurs performances dans chacune des mesures d’habiletés phonologiques, décodage et lecture de mots. Ces enfants ont montré de meilleures performances que le groupe entraîné sur les stratégies de compréhension de textes et en lecture de mots en temps illimité. Mais cet effet ne s’est pas maintenu dans le temps.

Les sujets entraînés aux stratégies de compréhension de textes ont montré une amélioration de leurs performances en lecture de mots en temps limité, mais de nouveau cet effet ne s’est pas maintenu dans le temps. Aucune différence significative entre les deux groupes n’a été observée au niveau des compétences orthographiques et en compréhension de textes en dépit des entraînements suivis. Les auteurs ont conclu que le seul effet observable, à la fin de l’entraînement, était que les enfants de deuxième et troisième année d’apprentissage ont amélioré leurs performances en lecture de mots en temps limité et en orthographe, tandis que les enfants de cinquième année d’apprentissage ont amélioré leurs performances en lecture de mots toute condition confondue et en orthographe. Finalement, il apparaîtrait que pour les lecteurs les plus jeunes et les plus en difficulté, un entraînement phonologique soit plus approprié, tandis que pour les lecteurs les plus âgés un bénéfice plus important émergerait d’un entraînement à la lecture en contexte. Les auteurs sont restés circonspects quant au manque de transfert d’apprentissage observé pour les enfants du groupe phonologique et ont rapproché leurs résultats de ceux obtenus par Torgessen, Alexander, Wagner, Voeller, Conway et Rose (2001). Ces derniers auteurs n’avaient pas non plus observé de bénéfices liés à un entraînement administré par un tuteur, malgré 88 heures d’entraînement. Wise (2004, voir également Olson, & Wise, 2004) n’a pas apporté d’autres conclusions si ce n’est que la remédiation phonologique semblerait peu efficace.