2.2.1. Deux études en langue anglaise

Macaruso, et al. (2006) ont effectué un entraînement informatique à l’aide de deux logiciels, Phonics Based Reading (PBR) et Strategies for Older Students (SOS) élaborés par Lexia Learning System (2001). Le programme PBR reposait sur un entraînement audio-visuel et nécessitait une réponse motrice de la part de l’enfant. Le but de cet entraînement était de focaliser l’attention du sujet sur les règles d’assemblage au niveau de l’attaque des mots, c’est-à-dire sur les syllabes fermées. Les mots pouvaient apparaître en isolation ou en contexte, au sein de phrases et de paragraphes. Le programme SOS prenait la suite du programme PBR. Cependant, les auteurs ont précisé que peu d’enfants avaient utilisé SOS, seulement treize enfants du groupe expérimental. Quand SOS a été utilisé, il ne s’agissait que des premiers niveaux d’entraînement correspondant au niveau phonémique. Le pré test a eu lieu en novembre et le post test en juin. Les enfants étaient en première année d’apprentissage. Deux groupes d’enfants appariés en âge chronologique ont été constitués. Les groupes expérimental et contrôle comprenaient chacun 83 et 84 enfants. Chacun de ces groupes comportait un sous-groupe de 15 enfants pris en charge par un enseignant spécialisé qui n’ont pas suivi l’entraînement informatisé. La fréquence de cet entraînement était de deux à quatre séances par semaine. Chaque séance durait de vingt à trente minutes, et ce, pendant six mois environ. Le groupe contrôle a simplement suivi l’enseignement régulier en classe. Les pré et post test consistaient en une série d’épreuves basées sur l’analyse phonémique de l’attaque d’un mot. Plus précisément sur l’identification des correspondances grapho-phonémiques des consonnes initiales et finales du cluster consonantique initial, et de la voyelle. À cela s’ajoutait une épreuve de lecture de mots au sein d’histoires simples.

Les résultats entre le pré et post test n’ont montré aucune différence entre le groupe entraîné et le groupe contrôle. Néanmoins, les deux groupes ont amélioré leurs performances aux différentes épreuves entre le pré et post test. Les auteurs ont également conduit une analyse séparée sur les élèves suivis par un enseignant spécialisé, soit sur deux groupes de quinze enfants. Au pré test, les scores des deux groupes d’enfants étaient équivalents. En revanche, au moment du post test les résultats ont montré un effet bénéfique de l’entraînement puisque les enfants du groupe expérimental avaient amélioré leur performances par rapport au groupe contrôle, hormis en lecture de mot au sein d’histoires simples. Enfin le résultat le plus intéressant était que les enfants du groupe expérimental avaient bien bénéficié de la remédiation sur ordinateur, puisque leurs performances au post test étaient alors comparables aux performances des sujets du sous groupe expérimental. Ceci tendrait à montrer que l’entraînement informatisé pourrait aboutir aux mêmes résultats qu’une prise en charge individuelle, mais serait plus économique. Les auteurs ont rapproché leurs résultats de ceux de Wise, et Olson (1999), et ont conclu qu’un entraînement intensif des habiletés grapho-phonémiques en fonction d’une unité précise, l’attaque de mot, était largement plus bénéfique aux lecteurs les plus en difficultés. Le fait d’avoir restreint l’entraînement sur un seul type d’unité a peut être permis aux enfants les plus faibles lecteurs de construire des automatismes de décodage, qui sont généralement déficitaires chez les très faibles lecteurs, d’où un bénéfice plus grand pour ce type de lecteurs que pour les lecteurs ayant déjà dépassé cette étape.

Moore, Rosenberg et Coleman (2005) ont proposé un autre type d’entraînement informatisé. Ces auteurs ont testé l’effet d’un apprentissage auditivo-perceptif fondé sur un apprentissage auditivo-perceptif. Ils ont défini l’apprentissage perceptif comme étant à la fois cause et conséquence d’une modification du système perceptif sous stimulation de l’environnement. La question principale de ces auteurs était de savoir s’il était possible de remédier aux difficultés de lecture en entraînant les capacités auditives des enfants. Les participants étaient des enfants de quatrième année d’apprentissage (entre 8 et 10 ans) en difficulté d’apprentissage de la lecture. Un groupe expérimental de 16 enfants et un groupe contrôle de 12 enfants ont été constitués. Les enfants ont passé un pré test, un post test immédiat et un post test différé de quatre semaines. Le groupe expérimental été entraîné à l’aide d’un logiciel, Phonomena, pendant quatre semaines, pour un total de douze séances de trente minutes chacune. L’entraînement était fondé sur la discrimination des contrastes phonémiques représentant les catégories phonologiques majeures en anglais. Onze contrastes phonémiques ont été retenus. Les enfants ont exécuté entre vingt-deux et quarante-trois sets de syllabes contenant les contrastes phonémiques. Les auteurs ont précisé que chaque série de syllabes devait être répété entre une et sept fois, la répétition étant un aspect important de l’apprentissage perceptif. La tâche des enfants était d’écouter une syllabe produite par un personnage (un dinosaure), puis de décider quel personnage, Mic ou Mac, avait correctement reproduit cette syllabe. Un signal sonore, différent en cas de réussite ou d’échec, renseignait l’enfant sur la nature de sa réponse. Le nombre de réponses correctes était affiché sur l’écran, ainsi que le niveau de difficulté de la séance d’entraînement. Une fois l’entraînement terminé, un jeu d’arcade de type casse briques, était proposé à l’enfant. La durée de ce jeu était en fonction du nombre de réponses correctes fournies à l’entraînement et avait pour but de motiver l’enfant au maximum pendant l’entraînement. Le groupe contrôle n’a été soumis à aucun entraînement particulier. Les pré et post test comportaient quatre sous épreuves issues de la Phonological Assessment Battery (PhAB, Frederickson, Frith, & Reason, 1997). Il s’agissait d’identifier les allitérations et les rimes dans des monosyllabes, de produire de nouveaux mots par permutation des syllabes d’un mot et de lecture de pseudomots. À cela s’ajoutait une tâche de discrimination de paires de mots en présence de bruit. Le sujet devait décider si les deux mots entendus étaient identiques ou non. Les résultats au post test ont montré que le groupe expérimental avait largement augmenté ses performances aux quatre sous épreuves de la PhAB, comparativement au groupe contrôle. Au post test différé, seule la tâche d’identification d’allitération a révélé un maintien, voire une augmentation, des performances du groupe expérimental. Pour la tâche de discrimination de paire de mots en présence de bruit, les performances du groupe expérimental étaient de nouveau supérieures à celles des enfants du groupe contrôle. Au post test différé les enfants ont continué d’améliorer leurs performances, mais cette amélioration n’était pas significative.

En conclusion, l’entraînement élaboré par Moore et al. (2005) a conduit à une amélioration significative des habiletés phonologiques du groupe expérimental par rapport au groupe contrôle. Le fait d’avoir seulement entraîné ces enfants sur un paramètre discret comme le phonème, leur a permis d’obtenir un score en PhAB et en discrimination de paires de mots de deux ans supérieur à leur âge chronologique, ce qui suggérerait ainsi l’efficacité de ce type d’entraînement.