2. Entraînement informatisé

Notre deuxième série d’expériences a pour objectif de tester l’effet d’un entraînement audiovisuel à la segmentation syllabique auprès de faibles lecteurs de deuxième année d’apprentissage. Constatant un manque d’étude sur les aides informatisées destinées aux difficultés d’apprentissage de la lecture en français, nous élaborons et testons un logiciel afin de vérifier le rôle de la syllabe dans la reconnaissance des mots écrits.

Trois méta-analyses (Bus, & Ijzendoorn, 1999; Ehri, et al. 2001; Troia, 1999) ont montré que les entraînements ne portant que sur des aspects phonologiques avaient un effet restreint sur l’amélioration des habiletés en lecture d’enfants des difficultés dans cet apprentissage. En revanche, McCandliss et al. (2003), et Magnan et al. (2004) ont montré que les entraînements portant à la fois sur le lien entre des unités orthographiques et phonologiques permettaient une amélioration significative des habiletés en lecture.

Ces résultats ont guidé l’élaboration d’un logiciel d’entraînement, « Syllabius 1 » (expérience 3a), centré sur la manipulation de l’unité grapho-syllabique au sein d’un mot. L’objectif principal de cet entraînement est la manipulation conjointe de l’unité syllabique orale et orthographique au sein d’un mot.L’idée est de contacter le lexique mental via une entrée auditive et orthographique ce qui sollicite toutes les connaissances antérieures stockées en mémoire. Le traitementgrapho-syllabique est alors renforcé par la recherche de la segmentation du mot. Le processus de segmentation est aidé par la présentation visuelle d’une syllabe cible ayant pour but de consolider les processus orthographiques.

Grâce à l’élaboration d’un second logiciel, « Syllabius 2 », nous évaluons la pertinence d’un entraînement axé sur un traitement global du mot. En effet, dans ce logiciel l’entraînement porte le mot entier et non plus l’unité grapho-syllabique. Nous comparerons donc directement deux types d’entraînement différents (Expérience 3b), l’un portant sur la manipulation de l’unité grapho-syllabique à l’aide de « Syllabius 1 », et l’autre portant sur la reconnaissance globale du mot à l’aide de « Syllabius 2 ».

Notre hypothèse est que si la syllabe est une unité utilisée transitoirement pendant l’apprentissage de la lecture, alors les enfants présentant des difficultés dans cet apprentissage pourraient avoir des difficultés lors du recodage à assembler les graphèmes en unités grapho-syllabiques. Développer l’empan des syllabes en mémoire à court terme, en entraînant l’enfant à l’aide de l’unitégrapho-syllabique devrait permettre le stockage de ces unités en mémoire à long terme, et conduire à une automatisation des procédures de recodage phonologique. Si la syllabe grapho-phonologique est une unité utilisée dans l’apprentissage de la lecture, alors un entraînement sur cette unité devrait permettre à des enfants dont les procédures de recodage sont déficientes d’améliorer leurs capacités métaphonologiques et leur niveau de lecture. Enfin, si le type d’entraînement a un effet sur les performances en lecture des enfants, nous nous attendons à des différences de performances entre les enfants entraînés à l’aide de « Syllabius 1 » et « Syllabius 2 ».