Matériel

Les items de l’entraînement ont été sélectionnés à partir de la base informatisée MANULEX (Lété, Sprenger-Charolles, & Colé, 2004). Tous les mots étaient trisyllabiques, afin de rendre la manipulation de l’unité syllabique la plus diverse possible. Les items ont été répartis en douze séances de vingt-quatre mots tests et huit distracteurs, en fonction de leur fréquence lexicale (la liste des mots figure en Annexe3). Ainsi, au fur et à mesure des séances, les mots étaient de moins en moins fréquents. Il y avait donc une gradation de la difficulté tout au long de l’entraînement. Deux types de distracteurs ont été ajoutés aux mots testés, dans le but de maintenir les processus attentionnels en éveil et d’éviter la lassitude liée au caractère répétitif de la tâche. En guise de distracteurs sont présentés des mots dont la syllabe à extraire est soit absente, sans aucun lien phonologique ou orthographique possible avec le mot entendu, soit constitue un « piége ». La syllabe présentait alors une similarité phonologique ou orthographique avec une syllabe du mot entendu, ce qui obligeait l’enfant à faire d’autant plus attention à la tâche à réaliser. Au sein de chaque séance, quatre distracteurs « syllabe absente » et quatre distracteurs « syllabe piége » complétaient la liste d’items, soit, au total, trente-deux jugements à effectuer par séance (la liste du matériel utilisé par séance figure en Annexe3).

En plus de la position de la syllabe cible dans le mot, la structure interne de la syllabe a également été contrôlée. En effet, de récentes études (Bedoin, Dissard, 2002 ; Krifi, Bedoin, Mérigot, 2003; Magnan, Veuillet, Ecalle & Collet, 2004) ont montré l’importance du trait phonétique de voisement dans la perception de stimuli écrits. Les syllabes à traiter ont donc été contrôlées au niveau de leur attaque, de manière à pouvoir sensibiliser les élèves sur l’opposition de voisement. Les six consonnes sourdes /p, t, k, f, s, S/ et les six consonnes sonores /b, d, g, v, z, Z/ du français étaient systématiquement présentes en position d’attaque dans la syllabe cible. Les items de l’entraînement ont donc été sélectionnés en fonction de la présence d’une de ces douze consonnes du français dans le mot entraîné, en position d’attaque de la première, deuxième ou troisième syllabe. Chaque séance d’entraînement contenait ainsi deux paires de mots, présentant une opposition de voisement, comprise dans une syllabe dont la position pouvait être initiale, médiane ou finale (cf. Tableau 26).

Tableau 26 : Exemple d’items pour l’opposition de voisement avec des bilabiales
  Position Initiale Syllabe cible Position Médiane Syllabe cible Position Finale Syllabe cible
Occlusive bilabiale sourde /p/ pantalon pan disparu pa canapé
Occlusive bilabiale sonore /b/ boulanger bou tremblement ble acrobate bate

Conjuguer ainsi l’entraînement sur le traitement de l’unitégrapho-syllabique avec la perception du trait de voisement devrait renforcer d’autant plus le décodage des enfants et accroître leur performance en lecture.