5.1.1. Figurativité et représentation

Bastide introduit la figure dans le parcours génératif et lui attribue des liens avec l’objet, le signe et la valeur :

‘« Toutefois, cette restriction, loin de faciliter l’identification, élargit le champ des lexèmes qui peuvent être ‘’figures’’ pour le destinataire du discours. Il faut donc prendre en compte une définition additionnelle (Dictionnaire, 1979, entrée figuratif et entrée parcours génératif) : la figurativité intervient au niveau le plus achevé du parcours génératif ; c’est, au niveau discursif, le ‘’versant’’ sémantique des conversions syntagmatiques (actorialisation, spatialisation, temporalisation, et aspectualisation) qui passent par une interprétation anthropomorphe des opérations logiques sur les catégories du niveau profond et des transformations narratives de conjonction et disjonction. Il existe donc une définition ‘’verticale’’ de la figure, qui l’oppose comme concret à abstrait, comme particulier à général et comme précis à flou (ou vague). La ‘’figure’’ désigne généralement un actant-objet, mais celui-ci, loin d’être simplement un ‘objet’, représente aussi la valorisation, qui, au niveau profond, était, abstraitement, un plus ou un moins sur une des deixis. Est donc ‘’figure’’ un objet qui renvoie à autre chose que lui-même. Un objet modal, qui confère à son possesseur un pouvoir faire, en est un bon exemple, de même qu’un objet message ou ‘’marque’’, comme la couronne royale, qui rend visible la compétence (ou la légitimité) de son porteur. C’est pourquoi un lieu ou une période de temps peuvent être aussi des ‘’figures’’ dans la mesure où ils interviennent dans le statut modal du sujet opérateur » 80 . ’

Bastide continue son élaboration de la théorie de la figure et son rapport avec le texte scientifique :

‘«  Si on accepte une définition de la figurativité comme une exploitation des éléments du plan de l’expression du monde naturel sélectionnés pour l’investissement des valeurs axiologiques profondes, et intégrés au niveau discursif dans des réseaux isotopes, les textes de sciences expérimentales contiennent des ‘’figures’’, comme nous avons essayé de le montrer sur le texte étudié. Le texte scientifique a la particularité d’afficher dans la manifestation les valeurs axiologiques profondes et le niveau discursif ; il est aussi très répétitif, présentant les mêmes objets et les mêmes parcours tantôt sous forme condensée, tantôt en expansion. Il permet donc de mettre en évidence les conversions, à l’intérieur de la composante sémantique, du niveau profond au niveau discursif, ainsi que les équivalences entre les parcours figuratifs isotopes de la composante syntaxique et les figures de la composante sémantique au niveau discursif » 81 .’

D’après cette définition, la figure est traitée comme un terme complexe. Objet valorisé et modalisé, elle acquiert des qualités à la fois du niveau profond et du niveau superficiel. Loin de l’abstrait ou du concret, du flou ou du semblable, l’idée de la figure-objet axiologisé est aussi assez proche de notre approche de la figure.

Notes
80.

Ibid., p.19.

81.

Ibid., p. 19-20.