6. Figurative, plasticité, iconicité

6.1. Redéfinition des termes qui prêtent à confusion

La figure suit le parcours de l’objet dans toutes les étapes de la signification (perception, énonciation et interprétation) et le rejoint dans des domaines divers, tels que le champ visuel, le cognitif et larhétorique. Plus précisément, en ce qui concerne le rapport de la figurativité avec l’iconicité et la plasticité, les composantes du visuel, nous adoptons l’approche telle que développée par Floch sur la question de l’image et du référent, de l’illusion référentielle et de la réalité. Floch confronte la sémiotique générale avec la sémiotique visuelle et essaie de redéfinir des termes qui prêtent à confusion : figure vs forme et substance, iconicité et référenciation (interne-externe), figuratif vs plastique et le figuratif dans le parcours figuratif.

Une dimension qui nous intéresse particulièrement est le rapport de la figurativité avec la socialité. Ceci est très étroitement lié à notre travail, car notre objet d’étude, le vêtement de haute couture, fait partie du social. Le visuel, le cognitif et l’énonciation sont au service de l’objet social, et c’est dans ce cadre que s’enregistre l’objet/figure.

L’aspect social est élargi dans deux parties : a) la persuasion efficace et la représentation fidèle et b) les connotations sociales. Floch 86 reprend la figure, telle qu’elle est définie par Hjelmslev dans le Dictionnaire 87  : « la figure est prise dans le sens hjelmslevien de non-signe, d’unité d’un des deux plans du langage. La figure est alors une unité non-signifiante décomposable, une unité de la forme et non de la substance » 88 .

Floch évoque la nature de non-signe, de forme et non de la substance de la figure,et ajoute un lien avec la dimension sociale du discours. En se référent à la figure-motif (ex. les ‘figures du prêtre’), Floch développe ainsi :

‘« ‘’figures’’ en ce sens qu’ils représentent des investissements particularisants qui prennent en charge un discours abstrait et lui font gagner une ‘’efficacité’’ qui tient au fait qu’on y reconnaît alors des ‘’objets du monde’’. La figurativisation rendra compte ainsi de deux fonctions, sociales, du discours, la persuasion ‘’efficace’’ et la représentation ‘’fidèle’’» 89 .’

Une autre dimension sociale est celle des connotations sociales associées à l’iconicité et plus particulièrement à la référenciation, idée étudiée dans ce chapitre 90 :

‘« (…) la notion de référence interne, c'est-à-dire sur l’établissement de références à l’intérieur de l’énoncé (et la figurativisation-iconisation en relèverait) ; la seconde sur la notion de référence externe, c'est-à-dire sur l’établissement de références entre l’énoncé et l’énonciation. Bien entendu, ces deux systèmes de références renvoient au système général des connotations sociales » 91 .’
Notes
86.

FLOCH J.-M., « Figures, iconicité et plasticité », in Actes Sémiotiques Bulletin, op.cit.

87.

COURTÉS J., GREIMAS A.-J., Sémiotique, dictionnaire raisonné de la théorie du langage, tome I, Hachette, 1993 (1976).

88.

FLOCH J.-M., op.cit., p.5.

89.

Idem.

90.

Cf. Rastier et Bertrand cités ci-dessus.

91.

FLOCH J.-M., op. cit., p.6.