2. Perception et figure

2.1. La notion de la figure du point de vue de Teresa Keane

Dans cette partie de la thèse, nous nous serons préoccupés de traiter la perception et la figure. Ce qui nous intéressera en premier, c’est l’approche de Teresa Keane. Celle-ci fut l’une des premières qui ont à travailler sur la sémiotique des objets (tout en suivant la théorie greimassienne « standard ») et qui ont à intégrer la notion de la figure au sein de la sémiotique.

Teresa Keane envisage la présence comme le point d’ancrage à la fois de la perception et de l’énonciation, de la sémiotique de l’objet et de la phénoménologie.

Dans cette perspective, le problème de la structure de la perception est posé ainsi :

‘«Celle-ci (structure d’accueil) prend la forme d’une structure actantielle à fonction organisatrice des figures du monde (…) Pourtant l’interprétation selon laquelle l’expérience vécue antérieurement donnerait lieu à la convocation des images mémorisées ne va pas de soi. C’est tout un problème d’imagerie stéréotypée qui se trouve ainsi soulevé, quelles qu’en soient les origines : expériences vécues, acquis livresques, imaginaire actif, le fait que ces images-clichés possèdent une autonomie certaine et constituent la totalité organisée de nos perceptions de différents ordres, tout cela apparaît pour nous comme un écran du monde sur lequel peuvent se greffer, en le modifiant plus ou moins, de nouvelles perceptions)» 117 .’

Comme le préface Ouellet dans « Figurativité et Perception », la figurativité est pour Keane le :

‘« Point de jonction entre les processus perceptifs qui donnent lieu au percepts, avec leur structure gestaltique héritée des données sensibles plus ou moins saillantes des objets, et les processus énonciatifs qui donnent naissance aux images mentales ou aux contenus sémantiques figuratifs, avec leur structure iconique et mimétique, héritée des états cognitifs plus ou moins prégnants et imageants des sujets » 118 .’

La relation sujet-objet lors du processus d’énonciation évoque la question de l’énonciation. Celle-ci est envisagée comme la « représentation verbale qui fait appel à l’imagerie des sujets parlants, soit à leur esthésis imaginative ou mnémonique, pour la reconnaissance de ces contenus et de ces formes de contenu» 119 .

Les deux sémiosis fondamentales du monde naturel et de la langue naturelle sont articulées autour de la notion de la figurativité. Cette notion et plus particulièrement celle que Teresa Keane qualifie de profonde « réduit les données sensibles à ce qui affecte les différents états possibles de notre sensibilité, c'est-à-dire les corrèle aux conditions de possibilité de notre expérience au monde » 120 .

Notes
117.

KEANE T., « Figurativité et perception », Nouveaux Actes Sémiotiques 17, 1991, p.30.

118.

Ibid.,p. VI (avant propos).

119.

Idem.

120.

Idem.