3. Figuratif figural

3.1. Le figuratif et figural dans une perspective discursive

Dans la perspective phénoménologique, le rapport sujet – objet est celui de l’être-au-monde d’un corps sensible. Si l’on parle de figure (dans la sémiotique de Geninasca en particulier) c’est forcément à partir du discours : la figure, est la version discursive de l’objet, ce qui suppose qu’on est dans le dispositif de l’énonciation, et d’une manière ou d’une autre qu’on est passé dans le langage et dans la représentation (cf., définitions de Bertrand).

L’objet est considéré dans la perspective de l’énonciation et du discours, dans un état de dialogue avec le sujet. Le sujet et l’objet sont les protagonistes de la construction du sens. Le moment de leur union 132 (en termes de Landowski) est le moment où l’on parle de présence.

Geninasca, Panier (CADIR) et Didi-Huberman traitent la figure dans une conception dynamique du sens. Sa fonction informative est négligée au profit de la capacité d’exploiter le sens et d’en produire quelque chose.

Pour Geninasca en particulier, le figural concerne l’analyse des textes (objets textuels-littéraires picturaux) qui sont des représentations du monde. Du fait de son existence discursive-sémiotique, la figure prend une ampleur différente. Pour Panier, la figure se présente en termes de signifiant saussurien voire lacanien. Chez Didi-Huberman, le figuratif et le figural sont considérés en termes du visible et du visuel à l’instar de Merleau Ponty.

La question de la figure est posée en tant que question sémiotique : comment l’objet (vide, ou pure structure) peut-il être le support de valeurs pour un sujet (narratif, esthétique…) ; comment, dans la perspective du discours, la figure (grandeur figurative) est le point de croisement de la sémiotique du signe – renvoi (vers les objets du monde) et de la sémantisation relative au langage. Il n’est pas question de référentialisation ou d’illusion référentielle, mais d’énonciation, et de la mise en figure dans de discours.

Notes
132.

Le terme est emprunté à Landowski. A ce sujet voir, LANDOWSKI, E., Passions sans nom, Essais de socio-sémiotique III, Paris, PUF, 2004.