4.5. Valeur et identité

La valeur est une des manières d’aborder la question de l’identité. Nous consacrerons le premier chapitre de l’analyse au discours verbal responsable de cette question. La valeur y sera une façon de catégoriser les différentes maisons de couture et qui procureront la forme dans lesquels sera étudiée la forme de ces valeurs. Ce qui importe ici est la corrélation entre l’expression (forme visuelle) et le contenu (assuré par le discours) activé par l’acte de lecture. C’est dans le discours (et notamment le discours verbal) que le vêtement est validé et autorisé (ou pas) comme objet de la haute couture.

La notion de valeur chez Barthes diffère de celle de Greimas. Les deux acceptions sémiotiques du terme concernent : a) d’une part, la valeur qui, au sens de Saussure, est purement différentielle : la valeur d’un signe, correspondant à la différence avec un autre signe, et b) d’autre part, la valeur au sens « narratif », c’est-à-dire : un objet-valeur pour un sujet, qui oriente vers l’axiologie des valeurs, la tension du sujet vers la valeur (désir), et la véridiction 257 . Barthes, quant à lui, lui attribue une dimension normative, ce qui la rapproche d’après nous de la notion de Gestalt du fait a) de son caractère d’évaluateur (cf. Gestalt : bonne continuation), et b) de sa quête pour une équilibre qui gère les tensions internes (hyperboles) dans le discours par le biais de la perception sémantique (synonyme de la Gestalt) 258 . La valeur concerne l’axiologisation et la Gestalt : pour que l’objet sensible (ayant un surplus de sens) devienne un objet de sens, la Gestalt, à la fois sous forme de valeur (norme) et comme modérateur d’équilibre, va intervenir tant au niveau du discours visuel qu’au niveau du discours verbal.

La valeur est liée d’une part à l’objet en termes de valeur sémantique, du fait qu’elle précise les catégories figuratives axiologiques et d’autre part au sujet dans le rôle d’évaluateur et de juge : le vêtement vaut (élégance) pour un sujet. Le caractère excessif de certaines valeurs (la provocation, le sublime) touche et affecte le sujet et implique ainsi la question de la présence. Plus le degré de présence est grand et plus le sujet — ainsi que sa façon de voir le monde — est susceptible d’être affecté.

Notes
257.

Voir l’article de Greimas sur la modalisation de l’être dans Du Sens II.

258.

Voir la question de la perception sémantique chez Rastier.