Pour Landowski, la présence 299 est à mettre en relation avec l’identité et la socio-sémiotique :
‘«Aux stratégies identitaires d’ordre social envisagées précédemment se superpose alors une nouvelle dimension de la quête de soi, qui touche de plus près à l’intimité du sujet. Cette fois, au lieu de regarder autrui du dehors en se posant devant lui dans un rapport de face à face — identité contre identité —, le sujet se découvre au contraire lui-même à condition de se rendre l’autre intérieurement présent, ou du moins en s’y efforçant. Un devenir, un vouloir être – être avec-, et en mesure, avec l’autre- se substitue à la certitude acquise, statique et solipsiste, d’être soi» 300 .’Dans son ouvrage Passions sans noms, il intègre explicitement la présence dans un cadre dans lequel le sens est envisagé dans l’articulation de l’expérience, de l’esthésie et de la socio-sémiotique :
‘«Présence, situation, esthésis, interaction : telles sont quelques-unes des principales notions qu’il faut retenir pour cerner la spécificité du «faire» sémiotique en ce qu’il offre aujourd’hui, à nos yeux, de plus vivant. Se donnant pour objectif la saisie du sens en tant que dimension éprouvée de notre être au monde et se voulant directement en prise sur le quotidien, le social et le «vécu», la recherche en notre domaine s’oriente ainsi, de plus en plus explicitement, vers la constitution d’une sémiotique de l’expérience, en particulier sous la forme d’une socio-sémiotique» 301 .’Ou encore :
‘«La dimension esthésique de notre rapport au monde est celle à travers laquelle il nous est donné d’éprouver le sens comme présence : formulation délibérément provocatrice face aux tenants d’une «sémiotique rationnelle» 302 .’L’auteur résout le (faux) dilemme entre une sémiotique de l’objet et/ou une sémiotique du sujet, en proposant une «mise en présence» 303 du sujet-objet. La présence est alors considérée comme « union», phénomène interactionnel et donc social.
Nous avons défini la présence à la fois comme i) immédiate (en tant que précondition du sens) et ii) issue de l’acte de lecture. A la première étape, les qualités sensibles immanentes aux choses se présentent à l’homme, via le processus de la perception. A la deuxième étape, le sujet en tant que lecteur s’implique dans l’expérience des qualités sensibles qui deviennent des qualités somatisées et vécues. Le processus de la lecture assure la vraie union entre le sujet lecteur (et être sensible) et l’objet avec ses qualités sensibles tels qu’ils sont organisés dans la forme textuelle du discours.
Voir PARRET H., « Présences », Nouveaux Actes Sémiotiques, 76,77,78, 2001, Limoges, Pulim, p.7 : « Tout le parcours (…) déplace progressivement l’accent du sujet vers l’ «autre», un autre qui n’est nécessairement le monde, mais qui est logé au cœur même de l’expérience sensible, un noyau actantiel qui s’offre à nous comme partenaire ».
LANDOWSKI E., Présences de l’autre, op.cit, pp.10-11.
LANDOWSKI E., Passions sans nom, op.cit. p.35.
Ibid., p.5.
Ibid., p.97.