Dans ce dispositif de valeurs, nous constatons la présence des critères d’acceptation et des gradations. Le système des valeurs crée un réseau des rapports interrelationnels, des tensions dynamiques et des modérateurs d’équilibre.
Deux types de rapports principaux se développent : le premier, externe, concerne les valeurs entre elles (axe paradigmatique). Le deuxième, interne, concerne les modulations tensives au sein de chaque axe syntagmatique.
Les valeurs qui surdéterminent l’ensemble du réseau sont les valeurs esthétiques (beauté) et sociales (féminité). Les rapports tensifs qui s’établissent dans le réseau sont ajustés par les valeurs socio-esthétiques (élégance) qui gèrent la dynamique de l’ensemble du réseau. L’élégance est une valeur mesurée qui apporte l’équilibre et empêche les débordements excessifs :
L’axeparadigmatique [A,B,C,D] est constitué des valeurs esthétiques (beauté, magnifique, sublime), socio-esthétiques (élégance, chic), sociales (féminité) et limites-éthiques (sensuel-sexuel). Le magnifique et le sublime [A1] sont des superlatifs de la beauté et démontrent ses degrés d’intensité sur l’axe syntagmatique. Le sublime est de l’ordre de l’au-delà et crée un excès phorique. Le sensuel et le sexuel [D] sont considérés comme la limite [C1] des valeurs sociales. La vulgarité qui se trouve au-delà des limites éthiques exclut le vêtement (ou la collection) de la haute couture.
Les deux extrêmes sur l’axe syntagmatique, c'est-à-dire le sublime et le vulgaire instaurent les limites entre l’acceptable, voire admirable d’une part et l’inacceptable d’autre part. Un système des rapports autour de la beauté se manifeste. Le sublime est de l’ordre de l’excès dans le deixis positif (trop). En sur-contraire, le sublime s’oppose au vulgaire (deixis négative trop peu). Les sous-contraires sont le beau et le laid et s’opposent à la fois entre eux et entre les sur-contraires. Admettons s1 pour le sublime, s2 pour le beau, s3 pour le laid et s4 pour le vulgaire. Le parcours ascendant du s4 vers le s1 (vulgaire-sublime) commence par un relèvement (qui le conduit jusqu’en s3) et puis de s2 il actualise l’opération de redoublement qui le ramène jusqu’en s1 323 .
Les valeurs qui servent de modalité et d’actorialisation de la beauté sont l’élégance et le chic. Toutes les deux sont neutres et établissent l’harmonie. Elles sont situées au milieu du réseau, car elles gèrent les tensions déjà provoquées et préparent les tensions à venir. Elles servent de pont entre les valeurs esthétiques et sociales et ne sont pas intensifiées.
Les valeurs sociales (féminité), de nature neutre, gagnent en intensité par les valeurs éthiques-limites 324 qui ont un double statut : elles s’étendent sur l’axe syntagmatique pour marquer le plus grand degré d’intensité et s’étendent aussi sur l’axe paradigmatique pour signaler un changement de catégorie (éthique).
Les effets de présence se manifestent au niveau des deux extrémités du réseau : le sublime et le sexuel 325 . L’intensité pour le sublime est assurée par la nécessité d’admiration donc c’est une valeur à rechercher. Le sexuel augmente les degrés de la charge affective, car il appartient à la zone de l’interdit et de la provocation. Nous devons signaler sur ce point que les valeurs de la haute couture ont tendance à toucher les zones d’intensité extrême. L’orientation des termes plus neutres se dirigent vers les valeurs d’une grande intensité. La beauté vers le magnifique et le sublime ; la féminité vers le sensuel et le sexuel.
Cf. à ce sujet Zilberberg « Du récit au discours », op.cit. ; « Sémiotique de la douceur.», In Topicos de Seminario 2. Benemérita Universidad Autonoma de Puebla 1999, pp.31-64. « Eloge de la noirceur », vol.31, numéro 2003, hiver 2003.
Le nom éthique-limite est dû au fait que l’extrême tombe vers le vulgaire, c'est-à-dire dans une catégorie sémantique en dehors du domaine de la haute couture.
Puisque le vulgaire est de l’ordre de l’inacceptable, c’est le sexy qui devient la valeur la plus intense.