4.3.6. DIOR (02-03)
‘« De l’énergie à revendre. Cet homme a de l’énergie à revendre. Qui ? John Galliano, qui, chez Dior, nous balance dans l’oreille les rugissements d’un choeur de gospel ultra-chaud, devant un maître de chant swinguant à mort remixé live par le DJ Jeremy Healy. C’était de l’adrénaline pure.
Sur le podium, même jus, bien ficelé, envoyé sans faillir, sur un tapis de paillettes pur glam. Au premier rang, les habituels people rutilants 100 % Dior se demandent jusqu’où tout cela va aller. Galliano a plus d’une trouvaille en tête, sous sa coiffe de plumes blanches. Plus encore que tous les labos de tendances réunis.
Mille idées par passage, 47 modèles. Faites le compte. Bernard Arnault une fois de plus tient là son réservoir à tendances. Etourdissant, du coupe-vent militaire doublé orange gonflé par la bourrasque aussi léger qu’un souffle à l’ampleur montée sur mousse (une technique inédite pensée par John) d’une robe bustier à traîne parachute.
Quoi d’autre ? Une néo-minaudière, un microsac, faufilé dans le show à la main des mannequins sur lequel la lumière s’accroche en un éclair. Un petit sac ergonomique glissé sur pouce, calé dans la main, moulé dans la résine, gainé tout chrome. Une vraie altère. Il fera école, c’est certain, comme l’un des prochains fleurons de l’écurie déjà bien garnie des sacs maison.
John Galliano n’hésite ensuite ni à poser sous le ventre gonflé de Rhodoïd métallisé violet d’une femme totem africaniste un jupon au plissé tranché vif, ni à soulever sur un ventilateur un ample trench de caïman brun, aussi fragile que du papier. A l’occasion, on admire le travail de broderie de raphia sous les jupes propulsées au-dessus du ventilateur.
La référence à une nouvelle Marilyn, plus mec, plus forte, sur la bouche de métro du film 7 ans de réflexion n’échappe à personne. Sa Marilyn à lui ce serait plutôt Kate Moss absente pour cause de grossesse. Il s’est demandé souvent comment elle aurait pu interpréter la collection. La réponse est là. Un mélange de styles construit de réminiscences au cinquième degré, tirés de l’âge d’or d’Hollywood des années 40.
Galliano a fouillé les archives des grands studios de Los Angeles. Les folles semelles compensées en témoignent, mais surtout le jersey de soie ou le satin georgette, sensuel, liquide comme un vernis, noué, ajouré, travaillé en lanières puis assemblé en macramé, infernal de subtilité et de complication, servi par des doigts que seuls les ateliers Dior pouvaient réaliser »
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DIOR (2002-2003) (femme totem)
Nous constatons une activation des sèmes /primitif/ et /sacralité/ inhérents à ‘totem’ par assimilation dans ‘femme’. Le passé devient source d’inspiration pour Galliano. Dépourvu de caractère statique (inhibition du sème /mort/), les œuvres du passé deviennent une matière première à partir de laquelle Galliano crée. La force créatrice du passé, activée par le sème /énergie/, rend hommage à la femme, être sacré et sublimé.