4.3.13. DIOR (2003)
‘« Ses gestes n'ont plus rien de commun, puisque ces corps soufflés de volumes extravagants non plus. La grâce de l'immense pantalon plissé en brocard à ramages d'or et traîne de satin mauve, la fragilité sucrée d'un bouillonné rose comme un dessert donne la mesure du talent du fabuleux coloriste qu'est John Galliano.
"Pif, paf, toc, choc, on sent le but, on voit l'idée", écrivait Beaumarchais en plein dix-huitième siècle. Pif paf toc choc, ce pourrait être également la bande son d'un combat de kung-fu par les moines Shaolin venus de Chine sur le podium de John Galliano pour Dior. John s'en régale. On en prend plein les yeux. De son grand voyage d'inspiration en Chine en novembre dernier, voilà le résultat. De la shaolin couture, une couture qui secoue, vous balance un uppercut dans la tête en guise d'invitation, prend des postures insensées et défie les lois de la gravitation.
Tout commence par des ombres chinoises dont la poésie annonce à contre-jour des profils de créatures hors normes. Étagement de volumes, harnachement d'étoffes, bouillonnés géants au col, quilles froufroutantes faites de mille post-it de mousseline rose sur escarpins à lanières presque un supplice chinois. Visages de kaolin et lèvres cerise émergent - à peine - de ces tours d'étoffes. La femme ici est une cité interdite. Ses gestes n'ont plus rien de commun, puisque ces corps soufflés de volumes extravagants non plus. La grâce de l'immense pantalon plissé en brocard à ramages d'or et traîne de satin mauve, la fragilité sucrée d'un bouillonné rose comme un dessert donne la mesure du talent du fabuleux coloriste qu'est John Galliano.
Plus tard, les bordures de lamé anthracite sur kimono céladon ou le blanc ourlé de rose de pétales de cerisiers rencontrent les toiles de soie dix-huitième. Tous les plus riches damas et lampas des soyeux français se trouvent pliés en volumes cubistes. Les crinolines de cirque se balancent dans le vide. Fastes impériaux et toiles dix-huitième trament ensemble l'histoire de ce défilé, traversée par une veuve noire sous capeline brodée de raphia luisant comme un goudron neuf. Et puis les kung-fu boys reprennent le territoire. Jongleuses d'assiettes ferment la marche.
Au premier rang Bernard et Hélène Arnault sont aussi muets que Bernadette Chirac, Claude Pompidou ou Pierre Cardin. Liz Hurley, elle, ne quittera pas la main de son nouveau fiancé, Arun Neyla. Au final, John Galliano apparaît sous un manteau de fourrure. Toujours prêt à décocher un coup de pied shaolin à ce que la couture a de plus susceptible: sa fragilité. Bien envoyé »
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DIOR (2003) (cité interdite)
Dans la collection Dior 2003, le sème /danger/ afférent à ‘interdite’ est propagée à ‘femme’. La femme en elle-même devient source d’affect et d’émotion (cf.. collection avec serpent et le thème de la tentation).