Le premier espace est marqué par la couleur blanche qui signale que cette série concerne les tenues de jour (afférence du sème /luminosité du jour/). Les ensembles de jour sont des tailleurs (veste-jupe, et veste-pantalon). L’apparition des tailleurs gris créent une tension (blanc vs gris) annonçant l’arrivée de la prochaine série. Egalement, le gris métallisé interrompt la série des blancs et va propager le sème /brillance/ dans la série suivante. La double tension créée entre le gris métallisé (image 10) (chromatique et lumineux) et le blanc mat est neutralisée et apaisée par le tailleur blanc (image 11). Le tailleur en gris mat, qui succède, une variante du tailleur gris brillant, introduit l’espace B. Ainsi le spectateur-lecteur est assuré de ne pas être choqué par la nouvelle série.
Dans le deuxième espace, c’est le sème /brillance/ qui domine. La tension /brillance/ /matité/ (absorption et renvoi de la lumière) entre le premier et le deuxième espace est atténuée avec la présence du gris métallisé dans l’espace précédent. La luminosité créée par les tissus satinés renvoie à la lumière du cinéma hollywoodien ou aux stars clientes de la maison qui sont probablement présentes dans la salle du défilé. Le sème /précieux/ adressé à la femme-cliente est aussi activé par la présence des accessoires argentés et les tissus satinés. Les cheveux lisses et brillants des mannequins renforcent le sème /célébrité/ (effets de lumière). Dans les couleurs retenues, il y a des tons rouge 406 qui est la couleur de prédilection de Valentino, et le jaune qui évoque le précieux et la lumière. Les autres couleurs de la collection sont des mélanges de ces deux couleurs de base (prune, oranger et brun).
L’espace C est composé d’une série d’ensembles noirs. Le tempo de la série est vif et dynamique. Le noir évoque non pas autant le lourd que le /soir/ et l’arrivée des toilettes du soir. Les sèmes inhérents et afférents sont la brillance, ainsi que la transparence, le /mondain/ et la précision (savoir faire de couture) de la dentelle. Cette série prépare l’arrivée de l’espace de grande intensité (toilettes de soir brillantes).
Le dernier espace avec un tempo lent (accroissement du rythme de l’espace précédent) est composé des toilettes du soir. La brillance reste intacte mais on gagne en longueur. Les tons plus métallisés rappellent les tons de l’espace A, la matière satinée renvoie à la luminosité des célébrités. Au niveau des couleurs, le rouge et le jaune intense sont les couleurs qui rythment le parcours chromatique de la collection, et le noir qui fait appel à l’espace C annonce l’arrivée de la finale. On constate donc un respect de l’ensemble des espaces, un ensemble cohérent, ce qui rappelle sans doute l’esprit de la maison.
Valentino reste fidèle à ses propres valeurs (sèmes inhérents à la marque). Le défi pour lui est la quête de la nouveauté : comment combiner les valeurs inhérentes propres à la marque avec les valeurs propres à la nouveauté (synchronisation avec les autres valeurs). Ce qui semble l’intéresser c’est où rechercher cette idée du renouvellement, sans jamais « trahir » les valeurs propres à la marque. Le créateur italien doit éviter l’instabilité émotionnelle et même les effets de surprise/choc.
Le rouge (intensité tonique et étendue extrême) crée un effet d’intensité, et règle le rythme chromatique. Ce dynamisme de la collection s’effectue avec délicatesse (le spectateur est averti) sur les codes connus et partagés. Le noir stabilise et assure la cohérence, et la fidélité à la tradition de la maison.
La valeur identitaire de la marque, l’élégance, est abordée par un tempo lent et un rythme symétrique qui souligne le caractère solennel et permet au spectateur d’admirer la collection. Le rythme de la collection suit une normalité : ascendant, décroissant pour éviter l’excès. Ceci crée un moment d’autogestion de l’hyperbole. L’élégance est synonyme de justesse et d’harmonie.
Le rouge est d’ailleurs conçu comme la couleur de référence de Valentino.