5. LACROIX (collection printemps-été 2003)

5.1 Présentation

L’espace visuel de la collection Lacroix printemps-été 2003 est composé de trente neuf images 411 . Les modèles de la collection sont de couleurs de tonalités pales, les formes sont simples et ouvertes. A l’intérieur de chaque forme, un grand nombre de détails surchargent le vêtement. Les couleurs pastel d’une intensité faible et la forme non-marquée « effacent » ce surplus. Il s’agit d’un espace continu. Les seuls moments de tonicité sont activés par la présence du rouge (grande intensité), vers la fin, ce qui signale une montée en crescendo. Il n’y a pas de perturbation, il s’agit d’un moment aigu, un moment qui dynamise l’ensemble. L’atonicité plastique est contrebalancée par l’intensité pathémique activée par le thème de l’enfance, retenu par le créateur. Les couleurs sucrées et « fruitées » (rose bonbon, jaune-citron) aussi bien que les lignes délicates et fragiles en zig zag et enfin l’effet « barbe à papa » activé par les cheveux renvoient à l’enfance visuellement mais aussi par synesthésie par évocation de la mémoire gustative. Contrairement à Ungaro qui lui utilise l’imaginaire en se distanciant de l’émotion, Lacroix fait appel aux sensations vécues. Le sens devient présence par l’expérience vécue.

Le recours au détail et à la surcharge est assimilé par activation du sème /gaieté/ dans le contexte « couleurs vivantes » et « couleurs évoquant le sucre et la dégustation ». Les valeurs identitaires de la beauté (esthétique) sont manifestées dans la diversité des couleurs et des lignes. Pour Lacroix, l’articulation plastique fonctionne sur le mode virtuel, avec les formes arrondies (chapeaux), les lignes en zig zag (virtuel, espoir, ouverture), aussi bien qu’avec le rythme qui suspend la couleur et crée un sentiment de surprise et d’étonnement.

Nous constatons que les valeurs esthétiques sont marquées par une tonicité faible (couleurs pastels) et une tonicité émotionnelle élevée. Ainsi le manque d’excès perceptif se conjugue avec le trop d’excès pathémique. La grande cohérence, continue et ininterrompue, justifie le manque de rythme et souligne le mode onirique qui est le mode qui définit le plus la collection (les valeurs esthétiques ne suffisent pas).

Notes
411.

La collection dure le temps d’un rêve.