Dans le premier espace nous constatons des tensions plastiques internes. Au niveau chromatique il existe une grande tension entre le noir et les éclats de rouge (gants, image 4), tension atténuée ensuite par le gris (gris par rapport au noir, et rouge), et reprise entre le noir et la silhouette en total blanc (dernière image de l’espace A).
La coupe est marquée par le sème /intensité/. Tantôt sous forme de tenue courte, tantôt en tenue découpée (image numéro quatre) — qui gagne en intensité par la couleur rouge des gants — ou en coupe décalée, ce qui est mis en valeur c’est la couture. Les vestes décalées (en gris et blanc) activent par assimilation les valeurs ludiques, qui sont les valeurs identitaires chez Gaultier. L’importance de la coupe, sème inhérent à cette première série, annonce que la couture sera le fil conducteur de la collection qui va corréler tous les autres thèmes hétéroclites.
L’espace B est constitué d’une série de vêtements aux couleurs vives. La vivacité du fuchsia perd en vivacité et devient deplus en plus sombre par la suite (images trois et quatre). L’apparition du blanc modulé avec le beige signale le retour de l’orangé qui se retrouvera ensuite indirectement dans le vert. Tous les deux sont des intermédiaires entre le jaune et le bleu pour le vert, et le jaune et le rouge pour l’orangé).
Les formes fluides remplacent les formes strictes du premier espace. Le strict se défait et s’élargit. Cette évolution — élasticité de la forme et de la coupe — démontre à la fois le savoir-faire de Gaultier et toutes les possibilités de la couture.
On retrouve le sème /couture/ dans les images six 415 (effet de couture superposé-hommage au corps de la femme), huit (« orange mécanique ») et onze (jean pailleté), où Gaultier cite quelques-unes de ces créations devenues des classiques et qui démontrent bien son style personnel.
L’espace C annonce la série des toilettes de soir qui se terminera dans l’espace final (espace D). Une silhouette de « femme fatale » toute en noir constitue la première image à laquelle vont se succéder des robes en couleurs qui évoquent la mer, du vertturquoise au rouge corail, en passant par le bleu profond. Le ‘top à rayures de marin en sequins’ — une de ses marques de fabrique — de l’avant dernière image est un nouveau renvoi à sa couture.
L’espace D évoque le premier espace. Le final fonctionne comme une synthèse des moments forts du créateur : le sème de la couture (avec la veste décalée), la vivacité des couleurs choisies et la légèreté des tissus (‘tenue de la ballerine).
Cf. dans les annexes