II. Naissance et développement du spectacle cinématographique d’institution

La première salle catholique lyonnaise ouvre ses portes dans le courant de l’année 1917 et les bases du cinéma scolaire de la ville de Lyon sont jetées en 1918. Le rapprochement des dates ne laisse aucun doute : la période de la guerre a joué un rôle primordial dans le développement du cinéma d’institution. Avant 1914 en effet, les projections cinématographiques organisées par les institutions laïques ou religieuses existent mais restent ponctuelles. Sans doute ne se rend-on pas compte encore des possibilités du cinéma et de sa capacité d’influence, capacité que la guerre a mis en évidence.

Des moyens sont pourtant à disposition. Le développement du cinéma d’institution est de fait indissociable de la multiplication, depuis les années 1880-1900, des patronages qui proposent aux enfants des écoles publiques et à ceux des paroisses de nombreuses activités d’encadrement. L’organisation de spectacles – concerts, représentations théâtrales, guignol – n’est pas chose nouvelle pour ces associations qui disposent d’ores et déjà de locaux où les produire. Le cinéma, devenu incontournable, ne constitue qu’une animation supplémentaire à l’activité des patronages.

Mais le cinéma d’institution n’est pas réductible à l’encadrement de la jeunesse. Progressivement, des séances familiales capables de concurrencer celles proposées par les salles commerciales sont organisées, notamment dans les établissements catholiques, ce qui introduit un nouveau clivage au sein de la société urbaine sur la pratique du spectacle cinématographique.