b) L’Office Régional du Cinéma Educateur de Lyon (1924-1929)

Entre 1924 et 1925, l’Office Régional du Cinéma Educateur de Lyon se substitue au cinéma scolaire de la ville de Lyon. L’impulsion semble venir de Gustave Cauvin lui-même et des multiples rapports qu’il entretient avec le monde de l’instruction publique et notamment avec l’Inspecteur d’académie du Rhône. C’est ce dernier qui, le 21 mars 1924 ⁷⁶⁷ , écrit à Edouard Herriot pour lui signifier la constitution de l’ORCEL dont il assure la présidence. Gustave Cauvin est chargé de la direction. La création de l’Office de Lyon est concomitante de celle de l’Office de Nancy ⁷⁶⁸ , mais rien ne prouve réellement (si ce n’est le terme d’Office) qu’il y ait un lien entre les deux associations. Quoiqu’il en soit, une structure indépendante de cinéma éducateur existe désormais.

(Source : AM Oullins : 2 R 2 : Plaquette de l’ORCEL, 1926)

La naissance de l’ORCEL est très certainement liée à la demande des communes voisines de Lyon. Le 21 février 1924, en effet, la ville de Villeurbanne vote le principe du cinéma éducateur et l’attribution d’une subvention à la ville de Lyon de 2 000 francs ⁷⁶⁹ . Subvention justifiée puisque ce sont les services mis en place par la municipalité lyonnaise qui prendront alors en charge l’organisation des séances. D’ores et déjà, le cinéma scolaire de la ville de Lyon sort de son cadre initial, point de départ de son élargissement. Dès sa création, l’ORCEL déclare bénéficier des dons et subventions des municipalités et des conseils généraux de quatre départements : Ain, Rhône, Isère et Loire ⁷⁷⁰ .

La question se pose alors de l’absorption complète du cinéma scolaire lyonnais dans l’ORCEL, avec qui il fait désormais double emploi. Pour Edouard Herriot, cette question est un préalable à l’attribution de la subvention jusque là accordée au cinéma scolaire. En juillet 1924, l’ORCEL propose, contre les locaux 126-128 grande rue de la Guillotière, la cession de la filmathèque lyonnaise et une subvention de 25 000 francs, de prendre à sa charge l’ensemble de séances organisées dans la ville, ainsi que le salaire du directeur, Gustave Cauvin ⁷⁷¹ . La mairie ne veut pas céder les films et propose une subvention au prorata du nombre de séances ⁷⁷² . Finalement, la subvention sera bien votée et les films prêtés et non cédés ⁷⁷³ . A la rentrée 1924, c’est l’ORCEL qui se charge des séances cinématographiques dans les écoles lyonnaises, indépendamment de la mairie qui désormais ne fait qu’accorder une subvention annuelle.

De 1924 à 1929, l’ORCEL connaît un essor considérable. Son budget, qui se montait pour la première année d’exercice (1924-1925) à 76 500 francs ⁷⁷⁴ , a septuplé en moins de cinq ans, grimpant à 575 000 francs en 1929 ⁷⁷⁵ . En 1927, l’Office assure des séances cinématographiques dans plus de 600 lieux :

Aux séances récréatives et éducatives se superposent peu à peu de nouvelles activités : cours d’adultes, conférences agricoles ou location de programmes aux œuvres désirant donner elles-mêmes des séances récréatives ⁷⁷⁷ . Ces nouvelles missions concernent surtout les populations rurales – en 1926, l’activité de l’ORCEL recouvre neuf départements ⁷⁷⁸ – mais l’Office continue aussi à se développer dans l’agglomération lyonnaise. Après Villeurbanne, les communes d’Oullins, Venissieux et Saint-Fons adoptent les programmes du cinéma éducateur pour les enfants des écoles publiques ⁷⁷⁹ .