Chapitre II. Des palaces aux salles de quartier

A la veille de la guerre, le paysage de l’exploitation cinématographique dans l’agglomération lyonnaise est caractérisé par l’extrême diversité des salles de cinéma, qui peuvent compter de 145 places à plus de 1 000. Les palaces du centre-ville, dignes héritiers des théâtres, coexistent avec les baraques foraines implantées dans les quartiers plus reculés. La disparition de ces dernières au seuil des années 1920 n’entraîne pas une homogénéisation de l’exploitation cinématographique lyonnaise, qui reste caractérisée par une stricte hiérarchie des salles de cinéma. Les nouveaux établissements qui ouvrent leurs portes entre 1915 et 1929 – les grandes salles dans le centre de la ville et sur la rive gauche du Rhône, les petites salles dans les quartiers plus reculés – ne bouleversent pas cette géographie du cinéma.

La diversité des exploitations cinématographiques est encore plus flagrante lorsqu’on observe leur activité économique. Sur ce point, l’influence de l’identité de leurs propriétaires est primordiale. Les exploitants constituent en effet un groupe hétérogène où les rares professionnels, majoritairement à la tête des principaux établissements, côtoient une myriade de petits commerçants aux possibilités financières limitées et aux carrières éphémères. Ces derniers ne peuvent que proposer à leurs spectateurs un cadre informel, loin des ors des salles du centre-ville.

Les habitants de l’agglomération lyonnaise ont donc le choix entre le confort des grandes salles de cinéma et le caractère bon marché des salles de leur quartier, véritables commerces de proximité.