Chapitre I. Standardisation de l’exploitation, diversification des salles de cinéma

Deux phénomènes caractérisent l’évolution de l’exploitation cinématographique au cours des années 1930. Le premier est la professionnalisation des exploitants et l’effacement progressif de la figure du petit exploitant inexpérimenté. L’arrivée du cinéma parlant, qui entraîne un coût d’installation et une logistique plus lourde, et la crise économique, qui les frappe tout autant qu’elle ne frappe leur clientèle, sont subis de plein fouet par les exploitants les plus modestes. Nombreux sont ceux qui font faillite ou vendent leur salle. Parallèlement, émerge une nouvelle génération d’exploitants, plus expérimentés, qui contribuent à la concentration des établissements cinématographiques. Lorsque la guerre éclate, les exploitants indépendants sont devenus minoritaires. L’exploitation cinématographique, soumise de surcroît à des règles strictes et uniformes, parfois criminelles, mise en place par l’Etat vichyste, n’apparaît dès lors plus comme unartisanat 1121 .

Le deuxième phénomène est la segmentation de l’offre de cinéma avec une spécialisation de plus en plus marquée des salles. Les nouveaux établissements qui ouvrent dans les années 1930 sont majoritairement des salles spécialisées dans un genre particulier (actualités, films en version originale) ou qui affichent une identité spécifique (salles paroissiales).

Cette double évolution, toutefois, ne met pas fin au fonctionnement de l’exploitation qui prévalait dans les années 1920. Les petites salles de quartier, malgré les difficultés, se maintiennent et continuent même à se développer. Les nouvelles formes d’exploitation se superposent de fait à celle qui prévalait dans les années 1920, accentuant un peu plus les clivages existant entre les publics.

Notes
1121.

BERTIN-MAGHIT Jean-Pierre, Le cinéma français sous l’occupation, op. cit., pages 258-285.