2) Une circulation plus rapide

Lors de sa sortie, un film est toujours sacralisé. Il arrive qu’un film sorte dans l’agglomération lyonnaise dans deux salles simultanément, mais c’est pour des raisons bien précises. Désir (Desire, F. Borzage, 1936) sort en même temps au cinéma Royal et au cinéma Tivoli, mais c’est parce qu’une salle le programme en version originale et la deuxième en version doublée. De même, c’est parce que le film des Marx brothers Un jour aux courses (A day at the races, S. Wood, 1937) n’est pas programmé en 1ère vision au centre de la ville qu’il sort dans deux salles différentes (le Chanteclair et l’Eldorado). De fait, l’immense majorité des films sort toujours en exclusivité dans une seule salle.

En revanche, au-delà de la 1ère vision, la multiplication des copies a pour conséquence une plus grande rapidité de circulation des films en 2ème vision :

Tableau 41. Temps de reprise en 2ème vision des films sortis à Lyon en 1937
  Nombre de films Proportion
Moins d’un mois 57 37 %
De un à deux mois 47 30 %
De deux à quatre mois 35 22 %
Plus de quatre mois 17 11 %
Total 156 100 %

Des chiffres à comparer dix ans en arrière : à la fin des années 1920, seul le tiers des films mettait moins de deux mois à parvenir des grandes salles du centre aux établissements secondaires. En 1937, la proportion est inversée, ce sont désormais les deux tiers des titres. Bien plus, une part non négligeable des films qui mettent plus de deux mois à sortir sont bloqués par la période estivale. Il n’y a en effet aucun intérêt pour les exploitants des salles de 2ème vision de perdre de l’argent en passant un grand succès en plein mois de juillet. Mieux vaut attendre le mois de septembre sinon le mois d’octobre.

Cette nouvelle politique d’exploitation met à mal la hiérarchie de salles. La situation privilégiée des salles de 1ère vision, dont les tarifs élevés sont principalement justifiés par la primeur des films, devient difficile à tenir :

‘« Les grandes salles se plaignent que, rompant avec les anciennes traditions, les directeurs et propriétaires de salles de quartier font trop rapidement de la publicité autour des films qu’ils doivent sortir. Les grands films sont à peine annoncés pour paraître sur les écrans du centre que les quartiers annoncent la même projection pour une date rapprochée. Le résultat se fait immédiatement sentir, et de très nombreux spectateurs, en comparant les prix des places, décident d’attendre la 2ème vision.  1366 »’

En conséquence, les salles d’exclusivité tentent de revenir au système de blocage qui prévalait dans les années 1920. Coïncidence peu ordinaire, c’est à nouveau pour un film de Charlie Chaplin, Les Temps modernes (Modern Times, C. Chaplin, 1936), que la direction du Pathé-palace annonce que « ce film ne sera projeté dans aucune autre salle pendant six mois 1367  ». Effectivement, le film de Chaplin sort sur l’écran du Pathé-palace en mars 1936 – où il est maintenu pendant trois semaines – puis disparaît de l’agglomération lyonnaise pendant six mois avant de revenir en septembre sur l’écran du Pathé-palace. Ce n’est qu’en novembre 1936 que Les Temps modernes parvient en 2ème vision sur l’écran du Chanteclair.

La GFFA a plus de facilité pour bloquer les grands films à succès. Exploitant trois des principales salles lyonnaises, il lui suffit de programmer dans ses trois établissements les grandes productions pour s’assurer le maximum des recettes. La reprise de Marius (A. Korda, 1931) et Fanny (M. Allégret, 1932) en 1936, trois mois avant la sortie de César, est ainsi assurée successivement par le cinéma Royal (le 29 août), le Lumina (19 septembre) puis le Tivoli (26 septembre). Exploitation différente pour le film L’Homme à abattre (L. Mathot, 1936) pour lequel la GFFA annonce, à l’instar de Pathé, une exclusivité dans les salles GFFA pendant six mois 1368 . Le film sort le 20 mars 1937 sur l’écran du Tivoli, puis est rapidement repris par le Lumina (le 24 avril). En revanche, vingt semaines s’écoulent entre le passage du film au Lumina et sa reprise en 3ème vision. Dans le même esprit, Marthe Richard (R. Bernard, 1937) met quinze semaines pour aller du Royal (où il tient l’affiche quatre semaines) au Tivoli puis huit semaines pour être repris en 3ème vision au Chanteclair et à l’Eldorado, soit, au total, vingt-sept semaines d’exclusivité dans les salles GFFA. Mais peu de titres finalement sont ainsi exploités : plus de 50 % sortis des films au Tivoli et au Royal mettent moins de deux mois pour parvenir sur l’écran d’une salle extérieure au circuit GFFA.

Quand la société des Cinémas de l’Est reprend le cinéma de la Scala, son président, Léon Siritzky mesure l’étendue du problème. Dans un premier temps, il déclare à la presse corporative vouloir imposer, pour les films qui passeront à la Scala, un délais de quatre mois d’exclusivité pour les grands films et de six mois pour les grandes exclusivités 1369 . Mais quelques semaines plus tard, ses prétentions se sont déjà abaissées : il ne parle plus que de huit à douze semaines d’exclusivité 1370 . Encore cette déclaration constitue-t-elle un vœu pieux. En effet, Orage (Marc Allégret, 1937) qui fait la réouverture de la Scala le 28 janvier 1938 met effectivement plus de deux mois avant d’être repris en 2ème vision, mais au bout de trois films, le principe est abandonné. Prison sans barreaux (L. Moguy, 1937) ne met que sept semaines après sa sortie à la Scala pour parvenir au cinéma Chanteclair, preuve que les exploitants, même les plus importants, sont soumis aux aléas de la distribution.

C’est que l’évolution générale de la circulation des films tend à raccourcir les durées. A la fin de l’année 1937 se produit une nouvelle rupture avec la diffusion en 2ème vision d’un film qui n’a pas encore terminé sa carrière en exclusivité. Ignace (P. Colombier, 1937) sort en effet au cinéma Lumina alors que le film est encore exploité en exclusivité par le cinéma Tivoli. Le principe est répété avec Les rois du sport (P. Colombier, 1937), qui sort le 31 décembre 1937 au Lumina tandis qu’il entame sa 3ème semaine d’exclusivité au Tivoli, prélude à la sortie simultanée des films en exclusivité. En 1939, La Bête humaine (J. Renoir, 1938) sort le 9 février 1939 sur les écrans conjoints du Royal et du Tivoli, où il se maintient deux semaines 1371 .

Le raccourcissement des temps de circulation s’applique également aux visions ultérieures :

Tableau 42. Temps de reprise des films en 3ème vision après leur passage en 2ème vision (1937)
  Nombre de films Proportion
Moins d’un mois 77 60 %
De un à deux mois 23 18 %
De deux à quatre mois 14 11 %
Plus de quatre mois 14 11 %
Total 128 100 %

De la 2ème à la 3ème vision, l’attente est très réduite. Plus de la moitié des films mettent moins d’un mois pour être repris en 3ème vision. Bien plus, une part non négligeable de la production cinématographique (vingt-quatre films sur 128 films, près d’un sur cinq) est reprise une semaine seulement après son passage en 2ème vision, prélude, bien souvent, à une circulation hebdomadaire dans les salles de l’agglomération lyonnaise. L’enjeu entre 2ème et 3ème vision est, il est vrai, bien moins important qu’entre 1ère et 2ème vision. Les salles de 2ème vision s’adressent pour l’essentiel au public du quartier où elles sont implantées et ne craignent donc pas la concurrence des salles de 3ème vision, qui se situent généralement dans des quartiers différents, et parfois fort éloignés.

Les films circulent à Lyon plus rapidement que dans les années 1920. Cette évolution provient avant tout de la multiplication des copies, qui elle-même est certainement conditionnée par l’ouverture depuis 1929 d’établissements importants et susceptibles de payer plus cher pour avoir un film rapidement. Dès le milieu des années 1930, il n’est pas rare de voir un film sortir dès la 2ème vision dans deux salles différentes, un phénomène qui s’accentue et tend progressivement à devenir la norme, en tout cas pour les films les plus attractifs. Entre 1936 et 1937, de plus en plus de films sortent en 1ère vision dans une salle du centre-ville avant d’être repris en 2ème vision dans deux quartiers différents (Croix-Rousse-Guillotière, Guillotière-Brotteaux ou Croix-Rousse-Brotteaux, le plus souvent), puis à nouveau dans deux quartiers – sinon trois – en 3ème vision. L’évolution du nombre de copies des films montre bien que ce modèle se généralise :

Tableau 43. : Films sortis dans deux salles en 2ème et 3ème vision (1936-1937)
 
2 copies dès la 2 ème vision 2 copies dès la 3 ème vision Total
Nombre % Nombre % Nombre %
1936 (186 films) 25 13 15 8 40 21
1937 (147 films) 43 29 12 8 55 37

De 1936 à 1937, on constate une hausse impressionnante des films qui sortent dans deux salles dès la 2ème vision, hausse directement liée aux accords passés entre les principales salles lyonnaises pour le passage des films. Les distributeurs se sont rapidement adaptés et, par souci de rentabilité, dépêchent plus facilement une 2ème copie à Lyon. Celle-ci est mise sur le marché pour la 2ème vision, il est plus rare – et de plus en plus rare – d’attendre la 3ème vision. En fait, les copies qui n’apparaissent qu’à partir de la 3ème vision correspondent aux films sortis dans les salles de la GFFA, Tivoli et Royal, et qui ont été repris en 2ème vision par le seul cinéma Lumina. Ce n’est qu’ensuite que le film poursuit l’itinéraire classique où, neuf fois sur douze, le tandem Chanteclair-Eldorado obtient la 3ème vision. La GFFA accapare parfois un film jusqu’à la 3ème vision alors sans doute qu’une 2ème copie est déjà disponible.

Tous les films ne bénéficient pas de cette large diffusion. On peut donc légitimement se demander si la carrière des films n’est pas anticipée dès la sortie des films dans l’agglomération, et même si le succès de certains films n’est pas directement lié à l’ampleur de leur diffusion. Il existe de fait un rapport évident entre le nombre de copies mis en circulation dans l’agglomération et la longévité des films, sinon leur succès. Plus de la moitié (sept) des treize films de l’année 1936 qui ont été les plus repris (cf. tableau 50) sont effectivement passés en 2ème vision dans deux salles différentes.

Quoiqu’il en soit, plusieurs films, parce qu’ils bénéficient d’une diffusion élargie, circulent rapidement dans l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. La Grande Illusion (J. Renoir, 1937), un des principaux succès de l’année 1937, en est un exemple parlant :

Tableau 44. Circulation dans les salles de cinéma lyonnaises et villeurbannaises du film La Grande Illusion
Date Nombre de copies Salle Quartier
30 octobre 1937 1 Pathé-palace Bellecour
15 janvier 1938 2 Chanteclair
Eldorado
Croix-Rousse
Guillotière
5 février 1938 3 Athénée
Empire
Vox
Brotteaux
Ainay
Vaise
19 février 1938 3 Artistic
Fantasio
Rexy
Terreaux
Villeurbanne
Part-Dieu
26 février 1938 2 Variétés
Cristal-palace
Guillotière
Monplaisir
5 mars 1938 2 Venise
Jacobins
Sainte-Anne
Bellecour
12 mars 1938 2 Anvers
Montchat-palace
Guillotière
Montchat
19 mars 1938 2 Kursaal
Oasis
Gerland
Gerland
26 mars 1938 1 Elysée Guillotière
16 avril 1938 1 Impérial Villeurbanne
23 avril 1938 2 Victoria
Bocage
Etats-Unis
Etats-Unis

Le film de Jean Renoir est ensuite repris dans le centre de la ville, au cinéma Tivoli le 14 mai, au cinéma Odéon le 28 mai, et dans le quartier des Brotteaux où le cinéma Lumina le programme à la fin du mois de juin. En moins de six mois, de janvier à juin 1938, La Grande Illusion est passée dans vingt-trois salles de cinéma lyonnaises et villeurbannaises, soit le tiers des établissements cinématographiques des deux communes. Il n’est vraiment pas usurpé de parler ici de diffusion de masse, même si tous les spectateurs ne voient pas le film à la même période.

La carrière de La Grande Illusion est un parfait condensé des règles qui régissent la circulation des films dans l’agglomération lyonnaise. Le film sort sur l’écran du Pathé-palace où il reste à l’affiche deux semaines, puis disparaît de l’agglomération pendant dix semaines. La direction du Pathé-palace a donc obtenu une exclusivité d’une durée de trois mois sur le film. Mais dès son passage en 2ème vision, le film est distribué avec deux copies, puis trois copies pour la 3ème vision. Le distributeur a donc anticipé la demande des salles lyonnaises. Il faut noter tout de même que trois semaines séparent la 3ème vision de la 2ème vision et deux semaines la 4ème vision de la 3ème vision. Les salles qui ont obtenu la 2ème ou la 3ème vision obtiennent du même coup l’exclusivité (partagée) du film pendant deux ou trois semaines et peuvent donc espérer attirer des spectateurs extérieurs au quartier où elles sont implantées, ceux qui n’ont pas encore eu le temps de voir le film. Ce n’est qu’à partir de la 4ème vision que La Grande illusion circule de semaine en semaine dans les différents quartiers lyonnais et à Villeurbanne.

On remarque que le découpage de la ville en secteurs d’exploitation fonctionne à plein. Les Lyonnais habitant entre Gerland et la route de Vienne font, semble-t-il, partie de la même zone puisque le cinéma Kursaal, route de Vienne, et le cinéma Oasis, au cœur de Gerland, obtiennent tous deux La Grande illusion au même moment. Les deux établissements, séparés par la voie ferrée, n’en sont pas moins à dix minutes à pied l’un de l’autre et se concurrencent donc directement. Le distributeur, très certainement, ne pouvait proposer mieux pour le secteur qu’une 8ème vision, et les propriétaires des deux salles se sont empressés, quitte à passer le film en même temps, d’accepter ces conditions. Même constatation, deux mois plus tard, dans le quartier des Etats-Unis où les cinémas Bocage et Victoria programment tous deux le film de Jean Renoir en 11ème vision.

Enfin, il faut souligner la part importante des salles de la presqu’île dans la carrière d’un film à succès. Entre octobre 1937 et juin 1938, La Grande Illusion est présent quinze semaines sur les écrans des salles lyonnaises et villeurbannaises. Or, sur ces quinze semaines, on le trouve neuf semaines à l’affiche d’une salle de cinéma de la presqu’île. En effet, tout comme le Pathé-palace, les cinémas Artistic et Jacobins ont maintenu le film deux semaines sur leur écran, alors que toutes les autres salles de la ville (à l’exception de l’Athénée aux Brotteaux) ne l’ont conservé qu’une semaine, en dépit de son succès.

La carrière de La Grande illusion ne doit cependant pas occulter les profondes disparités qui existent entre les quartiers lyonnais. Si la circulation des films est plus rapide que dans les années 1920, il n’en reste pas moins que certains spectateurs attendent des mois avant de voir un film dans la salle la plus proche de chez eux. On l’a vu avec la hiérarchie des salles selon le rang de passage des films, certains Lyonnais – les habitants des Brotteaux, de la Croix-Rousse, de Guillotière, puis de Vaise à partir de 1937 – sont mieux lotis que d’autres. A Villeurbanne, par exemple, la principale salle de la commune, le Casino, attend souvent plus de six mois avant d’obtenir les films qui sont sortis à Lyon. Sur les vingt-huit films passés au Casino entre octobre 1936 et mars 1937, seuls dix ont mis moins de quatre mois après leur sortie à Lyon pour y parvenir. Les dix-huit autres ont mis plus de six mois dont dix qui ont mis plus de dix mois.

Il en va de même dans les quartiers lyonnais où ne s’est pas implantée une salle d’envergure susceptible d’obtenir les films rapidement. A titre d’exemple, j’ai mesuré le temps que mettaient les films à parvenir, après leur sortie à Lyon, dans les salles de cinéma des quartiers Montchat (Montchat-palace), Perrache (Palace-Perrache) et Monplaisir (Cristal-palace), en étudiant la programmation des ces trois établissements entre septembre 1937 et avril 1938 :

Tableau 45. La programmation des salles de quartier : durée qu’ont mis les films à parvenir sur l’écran de trois salles de quartier après leur sortie à Lyon ( en %)
  Montchat Perrache Monplaisir
Moins de 5 mois 9 0 31
De 5 à 6 mois 9 5 9
De 7 à 9 mois 29 15 27
De 10 à 12 mois 25 23 18
De 13 à 18 mois 15 36 13
Plus de 18 mois 13 21 2
Total 100 100 100

En dépit de la plus grande rapidité de la circulation des films, ceux qui passent dans les modestes salles de quartier ne sont plus de la première fraîcheur. Dans les trois établissements ici étudiés, plus de la moitié des films sont sortis depuis six mois au moins dans l’agglomération lyonnaise. Les films vieux d’un an constituent une part importante de la programmation des salles de quartier : elle oscille entre 15 et 63 % selon les établissements. Selon où l’on habite et si l’on fréquente sa salle de quartier avant toute autre, on est plus ou moins chanceux. De tous, ces sont les habitants de Monplaisir qui sont les mieux lotis. Les films qui passent au Cristal-Palace sont relativement récents : ils ne sont sortis pour la plupart (67 %) que depuis moins de neuf mois lorsqu’ils parviennent à Monplaisir. A Montchat, cette proportion est plus faible (47 %) mais bien plus importante qu’à Perrache où seuls 20 % des films ont moins de neuf mois et près de 60 % plus d’un an. Le quartier Perrache, totalement séparé de la presqu’île par la voie ferrée, est un quartier plus isolé, et certainement plus populaire, que ceux de Monplaisir ou de Montchat, ce qui contribue à expliquer les différences de programmation. Du reste, la programmation du cinéma Magic, situé rue du Dauphiné entre Villeurbanne et les quartiers Montchat et Part-Dieu, dans un quartier lui aussi très isolé, est équivalente à celle du Palace-Perrache. Entre septembre 1937 et avril 1938, le cinéma Magic n’a passé que 9 % de films de moins de neuf mois et plus de 60 % de films vieux d’un an au moins. A l’isolement du quartier répond également l’envergure de la salle : le Montchat-palace comme le Cristal-palace dépassent les 550 places alors que le Magic et le Palace-Perrache n’atteignent pas les 400 places.

La circulation des films dans l’agglomération lyonnaise s’est, depuis les années 1920, en partie décentralisée. Si le centre-ville monopolise plus que jamais les grands films à leur sortie, les 2èmes visions concernent désormais les quartiers où se sont implantées des salles importantes et non plus seulement la presqu’île et le quartier des Brotteaux. Par ailleurs, la multiplication des grands établissements a entraîné une multiplication des copies dans l’espace lyonnais, conditionnant une circulation des films plus rapide qu’au temps du muet.

Toutefois, la circulation des films a beau être plus homogène, elle n’en est pas pour autant uniforme. Les règles qui la régissent restent hiérarchisées et les habitants des quartiers lyonnais les plus reculés, tout comme ceux de la banlieue, ne peuvent espérer voir les films que plusieurs mois après leur sortie dans le centre-ville. Ce système participe pleinement à la particularité de la programmation des petites salles de cinéma de proximité, partagée entre films déjà anciens et films de genre.

Notes
1366.

Le Cri de Lyon n° 718, 9 février 1934.

1367.

Idem n° 828, 1er mai 1936.

1368.

Idem n° 871, 2 avril 1937.

1369.

Le Cri de Lyon n° 903, 10 décembre 1937.

1370.

Idem, n° 911, 4 février 1938.

1371.

Le Film à Lyon, 9 et 16 février 1939.