3) Cultures spécifiques

Les années 1930 sont caractérisées par un important mouvement de spécialisation de la programmation des salles de cinéma. L’institutionnalisation des règles de la circulation des films, d’abord, distingue désormais clairement les établissements cinématographiques selon la fraîcheur de leurs programmes. A cette distinction, qui existe de fait depuis les années 1910-1914, s’en superpose une nouvelle, celle de la spécialisation des salles selon le contenu même de la programmation. Le public est désormais appelé à choisir en partie le genre de films qu’il va voir sur l’écran, et non plus le cadre seul. Les salles d’actualités procèdent de cette évolution mais elles ne bouleversent pas réellement la géographie des spectacles, proposant au public des séances qui ont peu à voir avec le spectacle cinématographique. A Lyon, deux types d’exploitation, dont l’émergence est d’ailleurs concomitante – autour des années 1934-1936 – proposent réellement aux spectateurs une programmation de films de fiction volontairement spécifique : les salles paroissiales, qui s’adressent à un public de proximité soucieux de la moralité des programmes, et les salles « spécialisées » caractérisées par le passage de films étrangers en version originale mais aussi, justement, de films incompatibles avec le public familial. Mais avant d’étudier leur programmation, il faut toucher un mot des séances de l’Office du Cinéma Educateur qui distillent chaque jeudi aux enfants des écoles publiques une culture cinématographique qui sort totalement des sentiers battus.