III - Etude codicologique

A. La diffusion des sermons

Le repérage des manuscrits contenant des sermons de Guillaume de Sauqueville est facilité par l’existence de plusieurs instruments de recherche spécifiques ou non à l’ordre dominicain. La source indispensable à l’étude des manuscrits de prédication, le Repertorium der lateinischen Sermones de J.-B. Schneyer 82 , donne une première liste de cinq manuscrits qui doit être complétée par les renseignements donnés par le répertoire de Th. Kaeppeli 83 réunissant les auteurs dominicains du Moyen Âge. On aboutit donc à une liste de cinq manuscrits contenant tout ou partie des sermons de Guillaume de Sauqueville 84  :

Bruges, Stadtsbibl., 263, XVe siècle, f. 1ra-79ra.

Paris, Bibl. nat. de France, lat. 16495, 235 ff.

Toulouse, Bibl. mun., 338, XIVe siècle, f. 37ra-69ra, 113ra-144vb.

Uppsala, Universitätsbibl., C 276, XIVe siècle, f. 13ra, 14rb, 130rb, 131rb.

Vatican, Borgh., 247, XIVe siècle (c. 1315), f. 178v-188v, 195v-196v.

Aucun nouveau manuscrit n’a été découvert à ce jour. Tous ne portent pas explicitement le nom de Guillaume de Sauqueville. Ce sont pour certains des manuscrits connus depuis longtemps : dès le XVIIIe siècle, J. Quétif affirme avoir eu connaissance du manuscrit parisien et du manuscrit belge 85 . J.-B. Schneyer, suivi par Th. Kaeppeli, indique en plus un sixième manuscrit à la bibliothèque de Laon, mais cette référence est fausse. Le manuscrit Laon 289 86 est un volume incomplet du début et de la fin. Bien qu’il s’agisse effectivement d’un recueil de sermons, après examen du manuscrit, aucun sermon n’est attribuable à Guillaume de Sauqueville. J.-B. Schneyer 87 a donné le détail des sermons de ce manuscrit et il semble que la confusion d’attribution soit due à la présence dans le recueil de Laon de neuf textes du prédicateur Jacques de Lausanne, dont les sermons sont régulièrement attribués à Guillaume de Sauqueville, et inversement, comme on le verra plus loin. Enfin, dans un article paru en 1887, Robert Delachenal a signalé la présence, dans la bibliothèque personnelle de l’avocat Robert Le Coq, d’un manuscrit contenant des sermons de Guillaume de Sauqueville 88 . Ancien avocat au Parlement de Paris sous Philippe VI, maître des requêtes de l’Hôtel puis membre du conseil secret sous Jean II, Robert Le Coq fut un personnage extrêmement puissant, en particulier grâce à ses relations avec le roi ; il devint même évêque de Laon en 1351. Fervent partisan de Charles le Mauvais, il fut banni du royaume après la signature du traité de Calais en 1360. Exilé en Aragon, il occupa l’archevêché de Calahorra jusqu’à sa mort en 1372. Ses biens, confisqués durant son exil, revinrent finalement à ses héritiers dès 1366 ; ses livres, d’abord restés sous séquestre, furent inventoriés en avril 1362 par deux libraires et l’inventaire fut transcrit dans un compte du Trésor. La bibliothèque de Robert Le Coq, riche de 76 volumes, contenait surtout des ouvrages de droit canonique et civil et de la théologie. On y trouve aussi un volume de sermons de Jacques de Lausanne et un autre de Guillaume de Sauqueville, dont la trace a été ensuite perdue. Le titre, Sermones de Saucavilla, n’est pas connu dans les manuscrits répertoriés aujourd’hui.

Notes
82.

J.-B. Schneyer, Repertorium der lateinischen Sermones des Mittelalters für die Zeit von 1150-1350, Münster, 1969-1979, 9 vol. (vol. 2, p. 587-596). J.-B. Schneyer attribue le manuscrit Laon, Bibl. mun. 289 à Guillaume de Sauqueville.

83.

T. Kaeppeli et E. Panella, Scriptores ordinis Predicatorum Medii Aevi, Rome, 1970-1993, t. 2, p. 162-163. Le manuscrit de la bibliothèque de Laon est aussi donné.

84.

Les notices de ces manuscrits sont données en annexe 1.

85.

Extat in Bibl. Sorbon. codex fol. par. membr. n. 992 ex legato M. Gerardi de Trajecto socii ejus domus circa MCCCXXX florentis. Titulus « Incipit » a dom. I Adventus ad ultimam anni. Apud Senderum Elenchi codd. Ms. Belgii t. I p. 183 inter Dunenses codicum idem laudatur Wilhelmus de Saccovilla ejusque sermones dominicales sic incipientes « Videns civitatem flevit etc. » Cité dans Jacques Quetif, o.p., Jacques Echard, o.p. Scriptores ordinis Fratrum Predicatorum. Paris, 1719-1721, repr. Paris, 1910-1914, p. 567. La référence au manuscrit belge provient de : Antoine Sanders, dit Sanderus, Bibliotheca belgica manuscripta, Insulis, 1641-1644.

86.

Catalogue des manuscrits des bibliothèques publiques des départements, Paris : Imprimerie nationale, 1885, t. 7 p. 195-196 : « In-8° sur vélin. (Sermones de festis). XIVè siècle. Provient de Cuissy. L’écriture est fine et négligée. Le volume est incomplet au commencement et à la fin. »

87.

J.-B. Schneyer, op. cit., vol. Konzils-, Universitäts-, und Ordenspredigten, p. 163-174.

88.

R. Delachenal, « La bibliothèque d’un avocat au XIVè siècle. Inventaire estimatif des livres de Robert Le Coq », dans Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 11, 1887, p. 524-537. Dans l’inventaire de la bibliothèque, le manuscrit n° 26 est intitulé : Sermones de Saucavilla. XL s.p. F. Autrand, « Culture et mentalité. Les librairies des gens du Parlement au temps de Charles VI », dans Annales ESC, 28, 1973, p. 1219-1244. Françoise Autrand étudie le cas de la bibliothèque de Robert Le Coq, et mentionne le manuscrit de Sauqueville p. 1234.