C. Face au roi de France : la question de l’imposition des clercs

Guillaume de Sauqueville n’adopte pas le même langage quand il critique le gouvernement du royaume de France et les abus de l’administration. Il se place en position de sujet et d’ecclésiastique, et non plus seulement en homme d’Eglise. Il porte également un regard moins acerbe sur les abus qu’il constate : qu’il soit simple sujet du roi et/ou homme d’église, ce qu’il reproche à l’administration royale le place en position de victime, non plus de membre d’un groupe qui profite de la situation, comme dans le cas des bénéfices ecclésiastiques. Enfin, nous verrons que Guillaume se fait là encore l’écho d’opinions largement partagées dans la population, et dont la littérature nous donne d’autres exemples.

Guillaume parle clairement du roi, il ne le nomme pas mais emploie le terme rex alors que lorsqu’il aborde des questions spécifiquement religieuses, il use d’une extrême prudence à l’égard du pape. L’analyse du manuscrit et des sermons et ce que l’on sait de la vie de Guillaume de Sauqueville ont montré que nous nous trouvons certainement dans les années 1315, années cruciales pour la royauté française. Philippe le Bel, roi de France depuis 1285, est mort le 29 novembre 1314. Son fils aîné Louis de Navarre, dit le Hutin, couronné roi de Navarre en 1307, lui succède ; il a épousé Marguerite de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Robert II. Cette succession se déroule dans un contexte extrêmement tendu : la fin du règne de Philippe le Bel a été entachée du « scandale des brus », dont Marguerite de Bourgogne, accusées puis condamnées pour adultère ; le grand maître des Templiers, Jacques de Molay, est brûlé vif à Paris ; enfin, les finances royales étant au plus mal, le roi a tenté de lever de nouveaux subsides en août, ce qui a provoqué le soulèvement de la noblesse, assemblée en ligues, et finalement a contraint Philippe le Bel à renoncer. Le règne de Louis X s’interrompt très tôt : le roi meurt le 5 juin 1316. Sa seconde épouse, Clémence de Hongrie, est enceinte. Le roi avait eu une fille, Jeanne, de son union avec Marguerite de Bourgogne. C’est la première fois qu’un roi capétien n’a pas de fils pour lui succéder. En vertu du droit de fief, Jeanne peut régner 459 , mais elle est très jeune, ce qui implique une régence. Et Philippe le Bel, pressentant peut-être un problème de succession après sa mort – déjà perceptible en 1314 puisqu’il n’avait alors que des petites-filles et que ses trois fils s’étaient brutalement retrouvés célibataires –, a promulgué la veille de sa mort des lettres patentes décrétant la masculinité pour l’apanage de Poitiers seulement. Philippe de Poitiers s’empare de la régence pour quelques mois seulement, puisque finalement, en novembre 1316, Clémence de Hongrie donne naissance à un fils, couronné roi sous le nom de Jean Ier. Mais l’enfant meurt cinq jours après le sacre, il a donc effectivement régné, mais cette fois rien n’est prévu pour sa succession. C’est Philippe de Poitiers, deuxième fils de Philippe le Bel et donc oncle de l’enfant, qui agit le plus rapidement : afin d’écarter sa nièce Jeanne de Navarre de la succession, il prépare un sceau, il réunit les grands présents au sacre et se présente comme le plus droit héritier du royaume. L’oncle supplante la fille : c’est la première application du principe de masculinité. L’acte fera jurisprudence et écarte désormais les filles de la succession 460 . Philippe V est sacré le 9 janvier 1317. Pour calmer les réactions d’opposition apparues notamment en Bourgogne, chez les grands féodaux, Philippe V convoque une assemblée à Paris composée de grands du royaume, de bourgeois, de docteurs de l’Université, qui confirme l’exclusion des femmes de la succession à la couronne. A sa nièce Jeanne, il reconnaît la garde de la Navarre et 15000 livres de rente. Elle épouse Philippe d’Evreux. En janvier 1322, à la mort de Philippe V, le principe de masculinité s’applique beaucoup plus aisément : le roi laisse quatre filles, et c’est son frère Charles IV qui lui succède, sans la moindre protestation. Les nombreux événements qui affectent la couronne de France entre 1314 et 1322, conjugués au flou chronologique qui entoure les sermons de Guillaume de Sauqueville, ne permettent pas de savoir exactement quel roi règne lorsque le dominicain rédige ses sermons. On note que l’un des thèmes préférés de Guillaume est justement celui des liens de filiation et des règles d’héritage, il aborde le sujet dans plusieurs sermons 461 , sans être plus précis.

Les évolutions qui ont marqué le règne de Philippe le Bel ont souvent suscité l’opposition dans le royaume : l’administration locale, renforcée et étendue, est jugée pléthorique et envahissante ; les conseillers du roi, nombreux et influents, ont mauvaise presse ; les relations avec l’Angleterre se tendent et la guerre déborde finalement en Flandre. Elle avait éclaté en 1297 en raison des interventions de Philippe le Bel dans le comté de Flandre. Ponctuée de changements d’alliance, de victoires et de défaites pour chaque camp, notamment la défaite française de Courtrai en 1302, le conflit se calme en 1305 avec la signature du traité d’Athis, très dur pour la Flandre. Mais le traité s’avère inappliquable parce que trop sévère, la population de Flandre est devenue farouchement hostile aux Français. Dès 1313 les osts de Flandre reprennent : Philippe le Bel prépare une nouvelle intervention, finalement annulée. Louis X, en 1315, entre à son tour en Flandre car le comte refuse de lui prêter hommage : cette désastreuse opération est connue sous le nom d’ost boueux et les troupes françaises se retirent piteusement de Flandres. Puis Philippe V, en 1319, organise une nouvelle opération en Flandre. Il faudra attendre 1328 et la victoire française de Cassel pour que la situation se calme un peu dans cette région.

Les exemples sont nombreux qui illustrent cette période marquée de grandes évolutions mais aussi de très fortes tensions. Guillaume de Sauqueville, quant à lui, ne retient dans ses sermons que le problème fiscal, qui pèse sur le règne de Philippe le Bel et que ni le roi ni ses successeurs immédiats ne sauront résorber. Dans un contexte d’infléchissement de la conjoncture économique, lié à la crise des revenus fonciers et à des difficultés monétaires, les besoins financiers du roi s’alourdissent : la guerre est presque permanente et l’administration s’est nettement étoffée. Philippe le Bel a été très inventif pour trouver de l’argent et a su mettre en œuvre des méthodes variées : certaines sont anciennes, comme les emprunts aux banquiers, les confiscations des biens des Juifs du royaume, les décimes prélevées sur le clergé. Le roi a aussi innové en jouant sur le cours des monnaies : c’est le début de l’instabilité monétaire, qui prendra de l’ampleur durant le XIVè siècle. Ce système le contraint ensuite à toujours chercher à revenir à la « bonne monnaie », réclamée par ses sujets, et donc à imposer des mesures strictes et impopulaires 462 . Enfin, la dernière possibilité dont a usé le roi est l’impôt. Mais il pose un problème de droit : c’est une mesure extraordinaire qui doit être justifiée. L’impôt est consenti occasionnellement, il n’a rien de régulier. Ainsi l’aide féodale est fournie pour la croisade ou pour la captivité, et le roi peut recourir à l’aide militaire due par tous les sujets, mais en cas de guerre seulement. Philippe le Bel crée donc un impôt direct sur le capital et sur le revenu de tous ceux qui ne portent pas les armes, prélevé aussi hors du domaine. Il s’ajoute à la décime du clergé. Quelle contrepartie offre-t-il ? Aucune le plus souvent, si ce n’est quelques promesses… Il réussit même à prolonger la perception de l’impôt alors que le royaume n’est plus en guerre. Mais le contexte économique a évolué : on assiste à un essoufflement économique, à la fin du règne, lié à une stagnation des rendements agricoles et à un développement commercial freiné, notamment à cause des perturbations monétaires. Les féodaux n’acceptent pas la pression fiscale exercée par le roi à un moment où eux-mêmes voient leurs revenus limités. Tout ceci conduit à la révolte en 1314 : le 1er août 1314, une assemblée de prélats, seigneurs et bourgeois est réunie à laquelle Enguerrand de Marigny expose les besoins du roi, notamment pour la guerre de Flandre. La noblesse de Bourgogne crée une ligue, elle s’allie avec la Champagne et le Forez. Peu de temps avant sa mort, le roi cède et annule l’impôt. Les ligues se calment sous Louis X, qui leur accorde des chartes en 1315. Mais l’évolution économique n’est pas plus favorable sous les règnes de Louis X et Philippe V, la pression fiscale ne diminue donc pas, d’autant que la guerre devient presque constante 463 .

Une fois ces éléments historiques précisés, observons les propos de Guillaume de Sauqueville. Il ne conteste pas le système fiscal dans son ensemble, ce qu’il pourrait aisément faire. Quelques jalons ont déjà été posés par des théologiens au sujet de la théorie de l’impôt, en particulier Thomas d’Aquin. Dans le De regimine judaeorum ad ducissam Brabantiae, rédigé à Paris en 1271, Thomas répond à une série de questions touchant au gouvernement royal, la sixième concerne la fiscalité : le dominicain légitime alors le prélèvement de l’impôt, dans l’intérêt commun, si les revenus du prince sont insuffisants et si une cause juste est donnée 464 . Guillaume, lui, ne nous livre pas de théorie sur ce qu’est ou devrait être le revenu du roi, ni sur la justification des dépenses : il se place en contribuable et constate que les prélèvements sont nombreux ; il se place aussi en ecclésiastique et souligne que ce qu’il donne au roi n’ira pas aux pauvres. Il livre son constat dans le sermon 11 465 (f. 25ra-b) :

‘Ideo olim principes, barones, domini temporales, qui mortui sunt, de caritate nimia excoriabant se ipsos, spoliabant se redditibus suis ut calciarent pedes ecclesie nudos, pauperes ministros Christi, ut essent calciati pedes in preparatione euangelii pacis, Eph. (6, 15). […] Calciamenta ista non sunt de corio uiuorum : domini temporales qui nunc uiuunt, non excoriant se propter ecclesiam, ymmo e contrario ipsi excoriant et spoliant eam. Tot decime, tot collecte, tot exactiones sunt hodie quod, si negocium diu procederet sicut incipit, ecclesia Dei in breui poterit dici domus discalciati.’

L’Eglise est dépouillée au profit des princes, alors que par le passé, elle recevait des dons des princes. Le sermon 12 est encore plus prolixe sur le sujet. Le dominicain affecte de parler des agissements d’un princeps, mais il est tout à fait clair qu’il parle du roi. Il évoque aussi très clairement les hommes chargés du prélèvement de l’impôt. Guillaume dénonce aussi bien les prélèvements en nature, notamment directement sur les moissons, comme dans cet extrait (sermon 12, f. 28vb) :

‘Multi sunt similes terre in conditionibus istis, uidelicet homines tenaces et auari quorum unus habet tantum de materia quantum sufficeret ad sustentationem x uel c uel m hominum. Totum studium suum est multiplicare pecunias, facere de uno denario x, de xx solis xx liberas ; in multiplicando sic pecunias arantur, scinduntur, patiuntur multas molestias. Quando multa congregauerunt, uenit princeps et mittit falcem in messem, facit unam talliam uel extorquet unam grauem emendam. Violenter aufertur ab eis quod nolunt dare pauperibus gratis et si princeps non ponit falcem in uita, in morte ponuntur ibi tot falces quod ipsi nudi uel cum uno lintheo intrant sepulcrum, ex una parte metunt executores, ex alia heredes, ex alia debitores, breuiter nichil portant secum de omnibus que secum congregauerunt.’

La conséquence de cette imposition est donnée quelques lignes plus loin :

‘Forte dices : Domine, ista est causa quare nolo dare pauperibus quia rex frequenter talliat me. Tot molestias habeo quod uix possum michi sufficere.’

Le roi, prélevant excessivement d’impôt sur ses sujets, contribue à affamer le peuple : le contribuable n’a plus assez de ressources pour lui-même ni pour les aumônes. Guillaume de Sauqueville, pour combattre ces opinions contraires à la charité que tout chrétien se doit de pratiquer, propose une conclusion double et inattendue. Tout d’abord le chrétien ne doit pas oublier ses engagements : Guillaume rappelle le verset Luc 10, 38 : date et dabitur vobis, puis il conclut :

‘Vere si tu libenter dares pro Deo, Deus daret tibi satis set quia non uis dare, ideo permittit Deus quod illud quod habes aufertur a te.’

Conformément au verset, la générosité du chrétien, quelle que soit sa richesse personnelle, est récompensée par Dieu, mais, à l’inverse, Guillaume insinue que l’avarice entraîne la punition de Dieu, c’est-à-dire l’impôt, le « don » sous la contrainte. L’impôt versé à l’autorité temporelle pourrait selon lui être considéré comme un châtiment d’origine divine. Curieuse définition de l’impôt, qui se trouve bien éloignée des notions de bien commun et de protection royale mises en valeur à l’époque par les théologiens et les juristes pour justifier la pratique de l’imposition 466 . Guillaume, par l’emploi du verbe talliare, soumettre à la taille 467 , se fait aussi l’écho des récriminations populaires à l’encontre de l’impôt. Mais c’est la décime 468 qu’il vise, lorsqu’il parle des ecclésiastiques contraints par le roi à payer, c’est l’impôt qui le concerne plus directement. En effet les membres du clergé sont astreints, depuis 1188, date de la première levée, à payer la décime au roi de France en cas de croisade : elle est prélevée sur le temporel ecclésiastique et correspond à 1/10è du revenu net du bénéfice. Les decimes, accordées par le pape au roi, se sont multipliées au cours du temps jusqu’à devenir fréquentes puis annuelles. Ainsi le concile de Vienne, en 1311, accorda six décimes en une seule fois ! La croisade étant devenue un simple prétexte à la levée de l’impôt, le pape et le roi finirent par partager les fruits de la levée de l’impôt, ce qui constitua une source de revenus appréciable pour les papes d’Avignon notamment. Ensuite, à la fin du sermon 12 (f. 29ra), Guillaume interpelle le roi sous le nom de fils de David, appellation qu’il utilise régulièrement dans ses sermons, et lui rappelle son devoir de miséricorde :

‘Filius Dauid es qui misericors fuit, misericordiam negare non debes.’

Guillaume de Sauqueville s’attarde beaucoup moins sur le problème de l’impôt excessif que sur celui des bénéfices ecclésiastiques, le sermon 12 est le principal texte où il laisse apparaître son opinion. Il fait tout de même une allusion, à la fin du sermon 37, à la possibilité que le roi soit mal conseillé en matière fiscale. A partir d’une comparaison sur le maçon tirée du Psaume 71, 2, Guillaume s’attarde sur l’idée que les deux murs qui soutiennent le royaume sont d’une part les ecclésiastiques, qu’il appelle les pauperes religiosi viri, d’autre part le peuple, les marchands, les paysans, les ouvriers (f. 98 rb) :

‘Alter paries sustentat temporaliter, isti parietes sum mercatores, cultorum agrorum operarii, populus minutus. Si ergo aliquis consuleret regi quod permitteret parietes illos defficere, subtrahendo eleemosinas pauperibus consuetas, retinendam peccuniam debitam mercatoribus et minutis hominibus non soluendo debita, talis consuleret sibi quod permitteret cadere domum suam : consuleret sibi destructionem regni sui. Non dubito, quando duo parietes tibi deficient, regnum corruet, quod per Dei gratiam numquam erit, quia regnum eius quod non corrumpetur (Dan. 7, 14).’

L’allusion aux marchands rappelle les nombreuses mesures de taxation des exportations, en particulier sur le commerce des grains, qui se sont multipliées à partir du règne de Philippe le Bel. Particulièrement impopulaire, cette taxation s’est souvent accompagnée de la cession de monopole de vente, par exemple sur la laine, au profit de sociétés marchandes parfois étrangères. Les exportations sont contrôlées et taxées. Cette fiscalité indirecte, qui touche spécialement le commerce, a été imposée depuis le règne de Philippe le Bel, et ce malgré les contestations. Qui peut être ce aliquis, auquel Guillaume fait allusion, capable de mal conseiller le roi, reproche couramment adressé à l’entourage de Philippe le Bel, et surtout dangereux pour le royaume lui-même ? On sent, derrière la phrase du dominicain, une allusion à des faits d’actualité. Pourrait-il s’agir d’Enguerran de Marigny, qui, à la fin du règne de Philippe le Bel, a personnifié le mauvais conseiller et a finalement été pendu en avril 1315 469  ? L’impopularité d’Enguerran de Marigny a été alimentée de griefs nombreux et variés, allant de la trahison au commerce avec le diable. Mais les critiques sont surtout d’ordre matériel. Ainsi Jean de Condé 470 , dans son Dis du segneur de Maregny, lui fait reproche de saisir les bonnes monnaies à leur entrée dans le royaume :

Il desroboit les marcheans

Qui bonne monnoie portoient

Si tost qu’en France entré estoient,

Se leur monnoie ne changeassent

Ou premier change ou il passassent.

La similitude avec les reproches de Guillaume de Sauqueville est claire. Marigny avait une réputation très mauvaise dans le petit peuple, il était considéré comme un homme de pouvoir, à l’origine de l’impôt et des mutations monétaires, si bien que Philippe le Bel passait pour un roi mal conseillé. De nombreuses œuvres, littéraires ou plus satiriques, ont pris Marigny pour cible. Il ne faut pas exagérer la place de la critique anti-fiscale de Guillaume de Sauqueville : elle est quantitativement limitée dans les sermons et elle est en tout point conforme à l’opinion publique des années 1315, qui s’est notamment exprimée dans le Roman de Fauvel de Gervais du Bus 471 et dans la Chronique de Geoffroy de Paris 472  :

Que plus ils ne se lesseront

Tailler, ainçois reveleront

Qui retaillier plus les voudra.

Notes
459.

Jean Favier souligne : « Le droit des femmes à succéder à la couronne de France n’avait jamais été évoqué. Il n’avait d’ailleurs pas été davantage nié. Mais il était bien assuré que les femmes succédaient à d’autres royaumes et dans bien des fiefs, de tout rang. » Voir J. Favier, Philippe le Bel, Paris : Fayard, nouv. ed. 1998, ici p. 523. Sur le règne de Philippe le Bel, voir aussi John Reese Strayer, The reign of Philip the Fair, Princeton, 1980. Elizabeth A. R. Brown, The monarchy of Capetian France and royal ceremonial, Aldershot : Variorum, 1991. Bernard Guenée, L’Occident au XIVè et XVè siècles : les états, Paris : PUF, 1971. Pour ses successeurs, voir Raymond Cazelles, La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, 1958.

460.

Andrew W. Lewis, Le sang royal. La famille capétienne et l’état, France, Xè-XIVè siècle, Paris : Gallimard, 1986. Paul Lehugeur, Histoire de Philippe le Long, roi de France (1316-1322). Vol. 1, Le règne, Paris, 1897. Elizabeth A. R. Brown, « The ceremonial of royal succession in capetian France : the double funeral of Louis X », dans Traditio, 34, 1978, p. 227-271.

461.

On retrouve le thème de l’héritage dans les sermons 23, 30, 63bis et 74, le thème des liens de filiation, de l’ascendance et de la garde d’enfant dans les sermons 12, 18, 26, 74, 37, 60, 63bis, 78 et 104. Guillaume a tendance à dévaloriser l’ascendance maternelle, parfois au prétexte de naissance illégitime, comme dans le sermon 12 (f. 28va) : De secundo nota quod filius dicitur quia fit ut ille, unde filius qui non ymitatur conditiones patris dicitur degenerare. Modo magis est honorabile puero quod sit similis patri quam quod sit similis matri. De illo enim qui patri assimilatur, presumitur quod sit legitime natus ; quando autem in nullo est similis patri, presumitur quod sit bastardus. Dominique Boutet, « Entre le réel et l’imaginaire : les rivalités successorales et l’idéologie de la légitimité dans la littérature française du XIIè siècle », dans Royautés imaginaires (XIIè-XVIè siècles). Actes du coll. org. par le CHSCO de l’université Paris X-Nanterre sous la dir. de C. Beaune et H. Bresc, ed. A.-H. Allirot, G. Lecuppre et L. Scordia, Turnhout : Brepols, 2005, p. 5-18.

462.

On trouve dans le sermon 63bis (f. 143rb) une allusion à la méfiance qu’occasionnent les variations du cours des monnaies et les dévaluations opérées à cette époque et qui conférèrent à Philippe le Bel la réputation d’un roi faux monnayeur : alio modo dicitur quod campsor computat quando monetam quam recipit numerat, ut eam in sacco uel archa ponat. Inter computare primum et secundum est differentia, quia in primo compoto recipiuntur libentius plumbei denarii quam aurei uel argentei. Ibi enim non attenditur ad ualorem set solum ad situm. Unde ostendit frequenter quod denarius plumbeus in tali compoto ualet centum, ubi aureus ualet dimidium solidum tantum. Ratio etiam est : denarius secundum quod mutat alium et alium situm ualet modo C libras, modo unum obolum solum. Sur ce point précis, voir la synthèse, quoiqu’un peu ancienne, de Raymond Cazelles, « Quelques réflexions à propos des mutations de la monnaie royale française, 1295-1360 », dans Le Moyen Âge, 1966, p. 83-105 et 251-278.

463.

Albert Rigaudière, « L’essor de la fiscalité royale du règne de Philippe le Bel (1285-1314) à celui de Philippe VI (1328-1350) », dans Europa en los umbrales de la crisis, 1250-1350, Pamplona : gobierno de Navarra, 1995, p. 323-391, repris dans Penser et construire l’état dans la France du Moyen Âge (XIIIè-XVè siècles), Paris : Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2003, p. 523-589.

464.

Thomas d’Aquin, De regimine judaeorum ad ducissam Brabantiae, ed. Fretté, p. 416 : contingit tamen aliquando quod principes non habent sufficientes reditus ad custodiam terrae, et ad ea quae imminent rationabiliter principis expendenda. Et in tali casu justum est ut subditi exibeant unde possit communis eorum utilitas procurare. Cité par Lydwine Scordia, « Le roi doit ‘vivre du sien’. Histoire d’un lieu commun fiscal », dans L’impôt au Moyen Âge. L’impôt public et le prélèvement seigneurial, fin XIIè-début XVIè siècle. I, le droit d’imposer. Colloque tenu à Bercy (14-16 juin 2000), dir. P. Contamine, J. Kerhervé, A. Rigaudière, Paris : Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2002, p. 97-135, ici p. 107. Sur la fiscalité au Moyen Âge, voir la thèse du même auteur publiée très récemment : L. Scordia, « Le roi doit vivre du sien ». La théorie de l’impôt en France, XIIIè-XVè siècles, Paris : Institut d’études augustiniennes, 2005.

465.

On trouve dans le sermon 99 (f. 220va) une analyse semblable dans les termes et habilement introduite : regula est apud grammaticos quo casu queris, hoc respondere teneris. Olim clerici erant datiui casus, misericordes erant, libenter dabant pauperibus et ideo tunc respondebatur eis in datiuo, multa tunc dabantur eis iuxta illud (Luc. 6, 38) : date et dabitur uobis. Set modo clerici declinauerunt a datiuo usque ad ablatiuum. Qui dare solebant modo auferunt et ideo iuste in ablatiuo respondetur eis quilibet gaudet et reputat lucrum hodie quicquid potest auferre ab eis. Tot exactiones hodie fiunt super clericos quod uix possunt aliqui uiuere et cum maximis redditibus et iustum Dei iudicium est.

466.

Guillaume va encore plus loin dans le sermon 11 (f. 25rb) : non seulement il reprend cette idée de punition divine et l’approuve (primo quia populum meum exactores spoliauerunt, propter scilicet exactiones que modo fiunt. Et uere credo quod iusto Dei iudicio permittitur illud quod ecclesia sic discalcietur), mais en plus il justifie cela par la mauvaise vie des ecclésiastiques, qui dilapident leurs ressources au détriment des pauvres (hec autem calciamenta, que deberent consumi in usu pedum, consumuntur in pompis et superfluitatibus, in acquirendo fauores diuitum). On revient donc au problème qui occupe une place centrale dans les sermons du dominicain : la mauvaise vie des hommes d’Eglise. Guillaume achève son raisonnement, dans le sermon 11 (f. 25va), par l’adage : quod non habet Christus tollat fiscus, justifiant encore le prélèvement royal. Voir Ernst Kantorowicz, « Christus – Fiscus », dans Synopsis. Festgabe für Alfred Weber, Heidelberg : L. Schneider, 1948, p. 223-235, repris et traduit dans E. Kantorowicz, Mourir pour la patrie et autres textes, Paris : PUF, 1984, p. 59-74.

467.

Elisabeth et Michel Nortier, « Une ressource fiscale des rois capétiens : la taille », dans Etudes et documents : comité pour l’histoire économique et financière de la France, 5, 1993, p. 3-35 et 7, 1995, p. 3-52.

468.

Jean Favier, « Décime », dans Dictionnaire du Moyen Âge, dir. C. Gauvard, A. de Libera, M. Zink, Paris : Fayard, 2002, p. 393.

469.

Jean Favier, Un conseiller de Philippe le Bel : Enguerran de Marigny, Paris : PUF, 1963. Le regard que porte Elisabeth Lalou sur le personnage d’Enguerran de Marigny est intéressant : « L’enrichissement de Marigny n’a rien de très neuf. Comme d’autres favoris, il profite de sa situation pour faire fortune. D’autres avant lui en ont fait autant. […] Mais ce qui est nouveau avec Marigny est l’apparition du grand commis de l’état qui s’enrichit, enrichissement d’ailleurs nullement frauduleux, d’après le rapport de la commission nommée pour statuer sur le problème en 1316 ». Voir E. Lalou, « La chancellerie royale à la fin du règne de Philippe IV le Bel », dans Fauvel studies. Allegory, chronicle, music and image in Paris, Bibliothèque nationale de France, MS français 146, ed. M. Bent and A. Wathey, Oxford : Oxford university press, 1998, p. 307-319, ici p. 310-311.

470.

Ed. A. Scheller, Dits et contes…, t. 3, p. 267-276. Cité par J. Favier, Un conseiller…, p. 197.

471.

Gaston Paris, « Le roman de Fauvel », dans Histoire littéraire de la France, t. 32, Paris, 1898, p. 108-153. Serge Lusignan, « Gervais du Bus », dans Dictionnaire des lettres françaises, ed. G. Hasenohr et M. Zink, Paris, 1992, p. 518-519. Fauvel studies. Allegory, chronicle, music and image in Paris, Bibliothèque nationale de France, MS français 146, ed. M. Bent and A. Wathey, Oxford : Oxford university press, 1998.

472.

Gillette Tyl-Labory, « Geoffroi de Paris », dans Dictionnaire des lettres françaises, ed. G. Hasenohr et M. Zink, Paris, 1992, p. 501-502. Geoffroi de Paris, Chronique métrique, ed. A. Diverrès, Paris, 1956.