2.1.1. Le rôle du transport routier et les perspectives d’évolution

Les émissions de polluants dépendent directement des consommations de carburant, essence et gazole. Ces émissions sont fonction de la circulation et des consommations unitaires des véhicules. En France, ces consommations de carburant liées aux transports n’ont cessé d’augmenter 16 , notamment en raison de :

  • la croissance continue des trafics de marchandises et de voyageurs ainsi que des distances parcourues. Le trafic routier a ainsi progressé à un rythme moyen de 4,2 % par an depuis 1960 17  ;
  • la progression du transport par route, le plus consommateur et le plus polluant. En 2005 (Ministère des Transports, SESP, 2006), le transport en voiture particulière représentait 83 % du transport intérieur de voyageurs et le transport routier représentait 80 % (hors transit) du transport intérieur de marchandises ;
  • l'augmentation de la mobilité urbaine et périurbaine, due à l'extension des villes, qui a pour effet d’augmenter les distances parcourues.

Ces causes ont pour conséquence d’accroître les émissions polluantes (en particulier celles du dioxyde de carbone (CO2)), malgré des résultats sensibles obtenus grâce à la conjugaison :

  • des progrès techniques. Des accords volontaires signés entre la Commission européenne et les constructeurs 18 (ACEA) prévoient ainsi de ramener les émissions moyennes de CO2 de véhicules neufs mis sur le marché, de 174 g/km aujourd'hui à 140 g/km d'ici 2008 ;
  • d'une réglementation de plus en plus restrictive. Tous les 4 ou 5 ans, de nouvelles normes européennes (Euro 3, Euro 4, etc.) révisent à la baisse les seuils d'émissions des principaux polluants des véhicules neufs : monoxyde de carbone, hydrocarbures imbrûlés, oxydes d'azote et particules.

Si les émissions de polluants locaux ont considérablement baissé depuis ces dernières années, celles des gaz à effet de serre des véhicules sont importantes et en augmentation. Le secteur des transports est depuis la dernière décennie le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. En 2004, d’après les données du Centre Interprofessionnel Technique d’Études de la Pollution Atmosphérique (CITEPA, 2005) les transports routiers contribuait à 24 % aux émissions de gaz à effet de serre en France, ce qui en faisait le secteur le plus émetteur. Par ailleurs l'indicateur du Pouvoir de Réchauffement Global 19 (PRG) du secteur des transports est en croissance depuis 1990 (+22 % entre 1990 et 2004). Cette tendance est liée à celle du CO2 qui domine dans le PRG de ce secteur avec respectivement 98 % et 95 % du PRG en 1990 et 2004.

Les perspectives d’évolution en terme d’environnement sont contrastées (DAEI/SES, 2004). Si les émissions de polluants locaux (localisé dans un périmètre restreint) semblent être en voie de diminution importante, il n’en est pas de même en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.

Notes
16.

Nous assistons cependant ces dernières années à un ralentissement de la consommation de carburants. En 2005, la consommation a même baissé de 1,1% par rapport à 2004.

17.

Ce chiffre 2005 a été calculé à partir des données trafics dont nous disposions, issues pour la plupart des comptes transports annuels.

18.

En 1998 et 1999, des engagements ont été pris par les associations de constructeurs automobiles européens (Association des constructeurs européens d'automobiles : ACEA, qui représente plus de 80 % des immatriculations annuelles dans l'UE), japonais (Japan Automobile Manufacturers Association - JAMA, qui représente plus de 10 % des immatriculations annuelles) et coréens (Korea Automobile Manufacturers Association - KAMA, moins de 5 % des immatriculations annuelles). Les engagements de ces trois associations représentent des efforts équivalents : objectif d'émissions fixé à 140 grammes de CO2/km (cet objectif devant être atteint en 2008 par l'ACEA et en 2009 par la JAMA et la KAMA) ; l'objectif fixé pour le CO2 doit être atteint essentiellement par des progrès technologiques et par des modifications du marché allant de pair avec ces progrès.

19.

Les différents gaz ne contribuent pas tous à la même hauteur à l'effet de serre. En effet, certains ont un pouvoir de réchauffement plus important que d'autres et/ou une durée de vie plus longue. La contribution à l'effet de serre de chaque gaz se mesure grâce au pouvoir de réchauffement global (PRG). Le pouvoir de réchauffement global d'un gaz se définit comme le "forçage radiatif" (c’est-à-dire la puissance radiative que le gaz à effet de serre renvoie vers le sol), cumulé sur une durée de 100 ans. Cette valeur se mesure relativement au CO2.