2.2.2. L’insécurité routière : un problème longtemps sous-estimé
Si nous regardons l’évolution de l’insécurité routière sur une longue période, caractérisée ici par le nombre de tués sur les routes, nous nous apercevons que celle-ci a connu son apogée en 1972. Depuis la tendance générale est à la baisse. Le taux de croissance annuel moyen depuis le pic de 1972 est en 2004 de -3,5 %/an.
Source : ONISR
L’évolution de l'insécurité routière en France est caractérisée par plusieurs périodes :
- jusqu’en 1972, une montée extrêmement importante de l'insécurité routière qui est directement corrélée avec l'évolution du trafic. La réglementation à cette époque était peu contraignante ;
- la « rupture » de 1972, une première prise de conscience a abouti à la création du Comité interministériel de la sécurité routière, après les bilans désastreux de 1972. En 1973, à la suite d’une initiative de journalistes, le 17 mai 1973, tous les habitants de Mazamet (16 171 habitants) dont la population représentait le nombre de tués sur les routes en France à cette période se sont allongés sur le sol. Cet événement construit et valorisé par la télévision fut à la fois un indicateur de la prise de conscience d’une population à travers ses médias, mais également un facteur de cette évolution ;
- une baisse importante de l'insécurité routière jusqu’à 1988 où la crise de l'énergie a joué un certain rôle, mais également les effets des premières grandes mesures de sécurité routière décidées vers cette époque : taux d’alcoolémie maximal (1970), port de la ceinture à l’avant hors agglomération, port du casque pour les motocyclettes et cyclomoteurs, limitation des vitesses (partielle en 1973 et généralisée en novembre 1974).
- une baisse qui s’est ralentie depuis 1988 et qui avait tendance à évoluer en suivant une asymptote. Le rythme de croissance du trafic très élevé apparu après 1985, soit une augmentation annuelle de 22 milliards véhicules.kilomètres, s'est maintenu globalement jusqu’en 1990. Un rythme d'augmentation annuelle beaucoup plus lent, de 9,8 milliards véhicules.kilomètres (avec une certaine instabilité) lui a alors succédé, poursuivi pratiquement jusqu’en 2000. Ce rythme élevé de la croissance du trafic, prolongé sur plusieurs années, correspond à la baisse des prix des carburants et au retour de la croissance économique. Ses effets se sont traduits pratiquement par un arrêt de la décroissance du nombre de tués par an durant la période (Orselli, 2003b).
- depuis 2002 une période caractérisée par une très forte baisse de l’insécurité routière (notamment en 2003, -20 % par rapport à 2002). Cette récente baisse est le fait d’effets conjugués en matière de politique routière (axe présidentiel, informations médiatiques sur le sujet, renforcement des contrôles, mise en place de radars automatiques, etc.).
Source : ONISR
Tout comme le nombre de morts sur les routes, les nombres de blessés graves et légers sont en baisse depuis 1972, le nombre de blessés graves ayant connu la baisse la plus importante. Le taux de croissance annuel moyen pour le nombre de blessés graves est de -5,5 %/an (2004) et celui des blessés légers de -3,4 %/an (2004). Le changement de rythme en 2005 s’explique par le fait que la méthodologie pour classer les victimes a changé. Afin d’harmoniser les calculs, la méthode de classement a été revue
24
.
Notes
23.
Nous n’avons pas pu nous procurer les données concernant les blessés graves et légers avant 1967
24.
À compter du 1er janvier 2005, afin d’harmoniser les définitions avec celles des principaux voisins européens, les définitions des gravités ont changé. Depuis cette date, une victime d’un accident de la route est recensée comme tuée si elle décède sur le coup ou dans les trente jours qui suivent l’accident (au lieu de six jours jusqu’à fin 2004). Par ailleurs, ce sont les victimes hospitalisées plus de 24 heures (appelées hospitalisées) qui sont recensées à la place des victimes hospitalisées plus de six jours (appelées auparavant blessés graves).