Introduction

Malgré les critiques qui lui sont adressées, le calcul économique reste indispensable pour apprécier l’efficacité socio-économique d’un investissement, surtout dans un contexte de rareté budgétaire. Les rapports du Commissariat Général du Plan ont tous rappelé l’utilité de disposer de cet instrument d’aide à la décision. Mais, si l’intérêt du calcul économique pour évaluer des investissements est régulièrement rappelé dans les documents, son caractère opaque et trop technocratique lui fait perdre une certaine crédibilité, notamment lorsque ces conclusions sont présentées dans le processus de décision des projets. En outre, il n’est pas évident pour les non initiés de comprendre comment il permet d’optimiser l’action publique d’un point de vue économique.

L’objectif de ce chapitre sera de montrer le rôle et l’intérêt de disposer du calcul économique et de valeurs normalisées, comme celles de la vie humaine. En nous intéressant au problème de l’insécurité routière, nous verrons comment il peut apporter une aide à la décision lorsque la collectivité se trouve devant un choix d’investissement.

Devant l’objectif d’une réduction du nombre de morts et de blessés, la collectivité doit choisir entre plusieurs options d’investissements étant donné que tous ne sont pas réalisables pour des raisons budgétaires. Où et combien investir sont des questions auxquelles le calcul économique est susceptible d’apporter des réponses en montrant, par le bais d’une analyse coûts-avantages, l’utilité que peut avoir un investissement par rapport à un autre. Pour effectuer cette démarche, l’utilisation de valeurs économiques de la vie humaine est nécessaire pouvoir évaluer les coûts entraînés par les accidents de la route.

  • Dans un premier temps, nous reviendrons sur les méthodes d’évaluation de la vie humaine afin de voir comment elles sont construites.

L’évaluation économique de la vie humaine a fait l’objet de nombreuses recherches et de nombreuses méthodes existent pour en calculer les valeurs. Ces valeurs résultent désormais d’une appréciation de la collectivité de ce qu’il est ‘économiquement’ raisonnable de dépenser pour éviter un tué ou un blessé sur la route. Nous nous intéresserons aux implications de ces valeurs en matière d’investissements sur les infrastructures routières pour apporter un début d’explication quant au rôle que peut jouer le calcul économique.

  • Dans un deuxième temps nous présenterons l’outil de simulation, baptisé SIMSEC, que nous avons élaboré afin de chiffrer les investissements nécessaires en fonction des retombées prévisibles d’une amélioration de la sécurité routière due à la mise en place de systèmes de sécurité embarqués à bord des véhicules.

L’outil, à la base, est issu des travaux effectués dans le cadre d’un programme de recherche qui s’est déroulé durant trois ans, de 2001 à 2004, et auquel nous avons participé. Ce programme, baptisé ARCOS, vise comme objectif une réduction de 30 % du nombre de tués dans les accident par l’introduction de systèmes de sécurité embarqués à bord des véhicules. Après avoir présenté ce projet dans ses grandes lignes, nous présenterons le cadre d’analyse et les hypothèses de l’outil.

  • Dans un troisième temps, nous regarderons l’implication des coûts économiques engendrés par les accidents de la route en matière d’investissements sur les véhicules à travers les solutions proposées par le programme ARCOS.

À partir d’une exploitation de l’outil et à travers un exemple d’application, nous montrerons que les implications des coûts économiques engendrés par les accidents sont importantes en matière de décision publique et que le consentement à payer des administrations, jouant un rôle clé dans le choix des priorités d’investissement, peut être important.