1.1.1. Les coûts socio-économiques engendrés par les accidents de la route

Les coûts socio-économiques engendrés par la perte d’une vie ou une blessure grave ou légère sur la route se classent en trois grandes catégories (Le Net, 1994a ; Commission Européenne, 1994). Il y a :

  1. les coûts marchands directs qui représentent l’ensemble des dépenses directement quantifiables occasionnées par un accident. Ils comprennent les coûts médicaux et sociaux, les coûts matériels et les frais généraux.
  2. les coûts marchands indirects qui sont calculés à partir de données macro-économiques. Ils sont constitués essentiellement des coûts liés à la perte de production future ou potentielle des victimes.
  3. les coûts non marchands qui concernent la transposition financière des souffrances physiques et psychiques des victimes et de leurs proches qui surviennent suite à un accident.

L’ensemble ou une partie de ces coûts seulement est pris en compte par les différentes méthodes de valorisation de la vie humaine, lesquelles tentent d’évaluer ces différentes composantes avec plus ou moins de précision. Les méthodes se subdivisent en trois grandes catégories, lesquelles se répartissent en plusieurs sous catégories.

Figure 10. Classification des différentes méthodes d’évaluation du prix de la vie humaine
Figure 10. Classification des différentes méthodes d’évaluation du prix de la vie humaine

Source : (Commission Européenne, 1994)

Le premier type de méthode, celle du coût d’indemnisation, est, sur le principe, le plus simple à mettre en œuvre, puisque celui-ci se base sur des observations réelles quant aux coûts qu’entraîne un accident. La seule barrière qui peut exister ici est celle de l’absence de données.

Le deuxième type de méthode, celle du capital humain, se fonde sur des estimations de la valeur de l’individu par le biais de son revenu et/ou de sa consommation (manque à produire net/brut) ainsi que son temps libre (années de vie sauvegardées). Cette méthode est complexe à mettre en œuvre car elle demande d’avoir les données adéquates pour pouvoir estimer ces valeurs (revenu, consommation, âge, sexe, etc.). D’autre part, la méthode n’est pas appropriée pour estimer les coûts humains et elle reste très sensible aux valeurs des variables choisies (taux d’actualisation, taux de croissance). Cette méthode a été beaucoup utilisée, elle perd aujourd'hui du poids face à la méthode fondée sur le consentement à payer ou à accepter.

Le troisième type de méthode, celle du consentement à payer/accepter, est beaucoup plus simple à mettre en œuvre bien qu’il existe un certain nombre de biais méthodologiques lors de son élaboration. Cette méthode fait appel aux réponses des personnes pour déterminer la valeur de la vie (préférences déclarées). Elle est la seule qui englobe l’ensemble des coûts entraînés par un accident et parmi ceux-là, le plus difficile à estimer, la souffrance des personnes (les coûts humains).

Avant de voir plus en détail les méthodes d'évaluation du prix de la vie humaine, il faut savoir que :

  • ces méthodes ne donnent pas les mêmes valeurs (puisqu'elles n'estiment pas forcément les mêmes coûts),
  • mise à part la méthode fondée sur le consentement à payer, une seule méthode ne peut pas englober tous les éléments essentiels des coûts (généralement plusieurs méthodes sont combinées pour arriver à une estimation de la valeur de la vie humaine,
  • les méthodes du coût d’indemnisation et du capital humain sous-estiment la valeur de la vie (elles ont notamment du mal à estimer les souffrances, douleurs et peines qu'un accident entraîne),
  • la méthode fondée sur le consentement à payer conduit à une valeur élevée, car elle ne fait pas appel qu’à des principes économiques, mais relève également d'un principe philosophique,
  • il y a actuellement une préférence à utiliser la méthode fondée sur le consentement à payer. Bien qu’elle soit non neutre, car celle-ci est fondée sur les préférences individuelles, cette méthode donne des valeurs plus élevées qu’avec les autres méthodes. Elles ont l’avantage également d’être plus en cohérence avec les préoccupations de la société vis-à-vis de l’insécurité routière.