b) L'approche des pertes brutes

Une première solution ou plutôt modification de la méthode des pertes nettes, pour se rapprocher de la valeur intrinsèque des individus, est de raisonner en terme de pertes brutes de production. Cette méthode pose en fait une hypothèse implicite : la perte de jouissance d’une vie pour la victime ou pour ses proches peut être approchée forfaitairement par la valeur marchande des consommations de l’individu. Cette méthode considère qu'il y a deux composantes dans la valeur d'une vie humaine : la valeur personnelle et, du point de vue de la collectivité, la valeur économique. L’approche par les pertes brutes de production assimile la valeur personnelle d'un être humain à sa consommation privée. La valeur est calculée selon la formule suivante :

Les différents coûts productifs et intangibles sont estimés séparément pour ensuite être additionnés afin de former la première valeur dite "complète" d'une vie humaine. La partie intangible est alors calculée à l'aide des jugements des tribunaux et des indemnités versées aux victimes.

Le recours à la méthode de la perte nette de production plutôt qu’à celle de la perte brute dépend du point de vue choisi :

Nous nous trouvons devant l’alternative suivante : soit nous considérons la production nette et il faut alors rajouter d’autres éléments (perte de jouissance de la vie, souffrances des proches), soit nous considérons la production brute, mais il ne faudrait pas alors prendre en compte ces autres éléments, du moins dans la mesure où ceux-ci l’ont déjà été par le biais de la consommation : une telle pratique ferait courir le risque de compter deux fois la même chose.