c) Problèmes méthodologiques

Il existe de nombreux problèmes liés à ces deux types de méthodes.

• Il y a des problèmes de recueil de données concernant l’espérance de vie des personnes, leur degré de participation dans le marché du travail, les revenus des individus, le taux d’actualisation des revenus, les hausses de productivité.
• Le fait d’utiliser la méthode du capital humain, nous ramène à la valeur de notre contribution au Produit Intérieur Brut et donc à la maximisation du PIB collectif, car plus notre contribution au PIB est importante plus notre vie vaut cher selon cette méthode. Il y a donc un problème d’acceptation sociale. Par exemple, statistiquement les femmes ont un revenu inférieur à celui des hommes. Comment faire accepter à la société que la vie d’une femme vaudrait moins que celle d’un homme ?
• La valeur de l'individu se résume à sa contribution à la production nationale. Il y a alors un problème de mesure des salaires des personnes dont le statut ne passe pas par le marché du travail. C’est le cas, entre autres, des personnes qui au sens de la comptabilité nationale sont des inactifs, comme les chômeurs et les retraités. Un décès sur la route apparaît alors comme un gain net pour la collectivité qui n'aura plus à verser de retraites ou d'allocation chômage.
• Les résultats obtenus sont très sensibles au choix du taux d'actualisation et de croissance des revenus. L'écart peut varier du simple au double, ce qui n'est pas sans poser de problème de cohérence de la méthode.
• La méthode du capital humain ne mesure pas exactement la valeur intrinsèque du dommage, le pretium mortis ou doloris, lorsqu’il y a une perte de vie humaine ou des souffrances liées à des blessures graves.
• Pour ce qui est de la méthode des pertes brutes, faire l'hypothèse que la consommation de l'individu représente son utilité à vivre est forte pour deux raisons :
• • d'une part, elle suppose que toute la jouissance de la vie se résume dans la consommation,
  • d'autre part, elle suppose que toute consommation est plaisir. Or, il faut distinguer des consommations obligées (comme faire les courses, payer son essence), et des consommations non obligées (partir en vacances, etc.).

Avec les années soixante-dix et le changement de contexte socio-économique, les méthodes de capital humain perdent en pertinence et ne vont pas être en mesure de fournir des valeurs plus élevées sans dénaturer la méthode. Le décalage va grandir entre d'une part la faiblesse des valeurs calculées par les méthodes de capital humain et d'autre part, les aspirations collectives et notamment les préoccupations sécuritaires relayées par la volonté des décideurs, du moins dans les pays précurseurs, de disposer de valeurs "politiquement plus correctes". Les besoins vont donc se faire sentir soit d'intégrer dans les schémas déjà existants ces nouvelles données, soit de créer d'autres méthodes capables de les intégrer.