a) La méthode des pertes brutes modifiées ou compensées

Du point de vue des méthodes existantes, pour donner une valeur intrinsèque à tous les individus, les économistes vont ajouter à la méthode des pertes brutes de production une nouvelle composante visant à intégrer, à travers une estimation monétaire, les douleurs pour les proches et pour la victime si elle est blessée gravement. Cette nouvelle composante reprend l'idée de Abraham et Thédié qui avait été d'inclure les éléments affectifs dans leurs calculs (Abraham et Thédié, 1960).

À travers l'ajout de cette composante, les méthodes tentent de prendre en compte les coûts humains en estimant les dommages versés par les assurances aux proches de la victime en cas de décès. La valeur personnelle de l'individu (appréciation de la vie vécue par soi-même) est donc appréhendée sous deux aspects : l'aspect matériel à travers les consommations non réalisées, l'aspect immatériel à travers les indemnités des assurances suite à l'accident. En France, la méthode du capital humain va être appliquée, mais en y ajoutant cette composante pour tenir compte des douleurs morales. La compensation se fait à hauteur de 8 % de la valeur totale de la vie humaine (Le Net, 1994a).

La méthode du capital humain compensé distingue donc trois catégories de coûts dans le calcul du prix de la vie humaine :

  • les coûts marchands directs, composés des coûts médicaux et sociaux, des coûts matériels et des frais généraux ;
  • les coûts marchands indirects qui sont constitués de la perte de production brute ;
  • les coûts non marchands estimés par la jurisprudence des compagnies d'assurance.