b) La méthode des années de vie sauvegardées

Cette méthode, développée par l’Organisation Nationale pour la Sécurité Routière à la fin des années quatre-vingts, puis reprise par l’Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité (INRETS), anciennement l’ONSER, dans les années quatre-vingt-dix, est fondée sur la valorisation du temps de vie sauvegardé (Duval et al, 1993).

La méthode remet en cause les fondements de la méthode du capital humain puisque dans une perspective économique de persistance du chômage, la perte de production résultant du décès prématuré d’un actif occupé est en moyenne peu importante, voire nulle. Aussi, la liaison entre la valeur socio-économique de la vie humaine et la perte de production, qui avait été établie sous l’hypothèse du plein emploi, est beaucoup moins pertinente.

D’un point de vue pratique, la méthode repose sur une valorisation des variations de bien être d’un individu, caractérisé par le temps sauvegardé pour les activités humaines, et du reste de la collectivité quand la vie de cet individu est sauvegardée. Pour calculer la valeur d’une vie humaine, cette méthode combine différentes méthodes d’évaluation : une micro-économique, une judiciaire et une macro-économique.

L’approche micro-économique consiste à étudier une liaison entre la valeur socio-économique d’une vie d’un individu et les valeurs du temps associées aux activités de cet individu. L’individu, en fonction de son âge, de sa catégorie socioprofessionnelle, de son espérance de vie et de sa probabilité d’être au chômage, se trouve à la tête d’un capital de temps professionnel, de temps de travail domestique et de temps de loisir. Ce que vaut sa vie est lié à la valeur de ces capitaux temps et à la valeur de sa consommation. La méthode calcule alors les budgets temps annuels multipliés par les valeurs collectives horaires appropriées. L’approche macro-économique et judiciaire consiste à dire que la collectivité n’a pas à supporter les coûts marchands directs et les coûts humains du fait que la vie de l’individu est sauvegardée.

Si cette méthode est très cohérente et prend en compte toutes les activités de l'homme, elle pose quand même quelques problèmes. Notamment elle reste, comme les autres méthodes, sensible aux taux d'actualisation et de croissance des revenus et surtout elle ne parvient pas à mesurer ce qu’il est recherché désormais à prendre en compte, à savoir la valeur intrinsèque du dommage, le pretium mortis ou doloris, lorsqu'il y a perte de vie humaine ou des souffrances liées à des blessures graves.

Les dernières méthodes que nous allons voir viennent combler les lacunes auxquelles se heurtaient les précédentes. La valeur de la vie humaine est évaluée comme un tout sans distinction de coûts. Le changement de méthode permet d'obtenir des valeurs plus élevées. Dès lors, les méthodes passent d'une logique d'imputation des coûts à une logique de révélation des préférences.