b) Le consentement de la société

Une autre méthode pour évaluer la vie humaine consiste à déterminer la valeur implicite qui est imputée à celle-ci non par l’entremise des décisions de l’individu, mais par l’entremise des décisions administratives et politiques. Sur le plan théorique, il convient de remarquer que la vie humaine et la sécurité des personnes sont parmi les domaines où l’action tutélaire de l’État s’exerce le plus fortement pour substituer une volonté collective aux désirs privés : lutte contre les consommations augmentant la probabilité de décès (drogue, tabac, alcool, etc.) La sécurité est, parmi tant d’autres, un domaine où la présence d’externalités doit conduire à corriger les appréciations individuelles.

Cette approche est dite "tutélaire" car c’est la puissance publique qui fixe ici une valeur à la vie humaine. L’État ou la collectivité dans son ensemble, assigne, souvent implicitement, une valeur à la vie humaine par des décisions prises en la matière. Par conséquent, des mesures de prévention des accidents ne seront adoptées que si les avantages qu’elles sont censées apporter excèdent les coûts. Ces décisions sont influencées par les pouvoirs législatifs, exécutifs ou judiciaires, par les pouvoirs publics et la population.

Cette méthode est pertinente et utile car elle permet d’égaler les coûts marginaux du gain d’une vie à travers les différents programmes. Par exemple, s’il en coûte 10 000 euros par année pour implanter une mesure dans le secteur des transports qui sauverait une vie par année alors qu’une mesure dans le secteur de la construction donnerait le même résultat, mais en coûtant 30 000 euros par année, il est plus « rentable » d’investir dans le premier projet plutôt que le deuxième.