Conclusion

Est-il souhaitable d’investir dans l’aménagement d’un carrefour sachant que cet aménagement permettra d’éviter un certain nombre d’accidents ? Vaut-il mieux investir dans la mise en place de mesures de sécurité sur les infrastructures et/ou sur les véhicules ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de disposer d’une valeur monétaire traduisant l’effort que la collectivité est prête à consacrer pour éviter un mort dans le secteur des transports. Les valeurs de la vie humaine sont nées de ce besoin de rationaliser les choix d’investissement.

Les méthodes d’évaluation de la vie humaine ont connu des modifications méthodologiques importantes. D’une évaluation purement marchande de l’individu, avec les méthodes fondées sur le capital humain, elles se sont progressivement tournées vers les méthodes fondées sur les préférences déclarées, qui ont pour intérêt d’englober l’ensemble des coûts engendrés par les accidents de la route et de donner des valeurs plus élevées. Le Commissariat Général du Plan (CGP, 2001) est à l’origine des dernières valeurs utilisées à ce jour. Ces valeurs, obtenues par tâtonnement, ont été déduites des comportements, des pratiques et des opinions des personnes interrogées. Elles ont été normalisées pour être utilisées dans les évaluations de projets, ainsi la dernière instruction les recommande dans les études de rentabilité (Ministère des Transport, 2005).

Avec ces valeurs, le calcul économique est susceptible d’apporter un éclairage sur l’utilité d’un investissement et donc sur l’intérêt de le réaliser ou pas. L’exemple que nous avons développé, à partir de l’outil SIMSEC, sur le cas des investissements dans des systèmes de sécurité embarqués à bord des véhicules est là pour l’illustrer. Les recherches engagées dans le domaine de la sécurité routière débouchent sur des solutions qui peuvent faire baisser sensiblement le nombre d’accidents sur les routes. Le calcul économique, par le biais d’une analyse coûts-avantages, fait ressortir l’utilité de ces mesures à travers l’évaluation des gains économiques qu’elles engendrent.

L’amélioration de la sécurité routière est une contrainte entièrement intégrée dans le raisonnement collectif, notamment lorsque la collectivité engage des crédits pour financer des programmes de recherche ou la construction d’infrastructures routières. Cette participation atteste de l’intérêt que la collectivité porte à ce sujet. Elle dénote surtout la prise de conscience de la collectivité sur les coûts économiques que de tels investissements lui éviteraient. Le calcul économique est alors un outil précieux qui permet à la collectivité de choisir les investissements les plus efficaces.

Si l’intérêt du calcul économique est démontrable, cela ne signifie pas pour autant qu’il est un instrument parfait. Les résultats peuvent être approximatifs du fait des hypothèses sur lesquelles reposent les calculs. Par ailleurs, à l’inverse de la sécurité routière, certains effets externes, comme l’effet de serre, ne sont pas véritablement considérés dans les évaluations des projets. Cette contrainte met véritablement le calcul économique à l’épreuve. De ce fait les résultats des évaluations de rentabilité socio-économique sont critiqués sur le faible poids que pèse cet effet dans la décision finale. La question sur le montant de la valeur de la tonne de carbone est une nouvelle fois posée.