2.2.2. Les temps de parcours des véhicules

Les gains de temps réalisés grâce à la nouvelle infrastructure sont l’un des critères essentiels de rentabilité d’un investissement routier. Les projets de transport routier sont pour la plupart motivés par le gain de temps que le projet procure aux usagers de la route. Les calculs des temps de parcours des véhicules sont donc un élément important.

L’infrastructure routière est considérée comme un bien à qualité variable : le temps nécessaire pour effectuer un parcours donné, et donc la vitesse moyenne des véhicules, dépend de l’importance du trafic. D’une façon générale, il est possible de déduire de l’observation des conditions de circulation sur une infrastructure routière de caractéristiques données, une relation entre un débit Q et une vitesse moyenne V (Cohen, 1990). Il s’agit ici d’une courbe purement technologique, caractérisant la capacité d’une infrastructure donnée à écouler le trafic.

La capacité en un point d’une route étant définie comme le nombre maximal de véhicules pouvant être écoulé en ce point, pendant un intervalle de temps de référence correspondant en général à l’heure et selon les caractéristiques d’infrastructure et de trafics existants. Ces caractéristiques d’infrastructure désignent les facteurs géométriques, comme, par exemple, le nombre de voies, la largeur des voies, la présence de bandes d’arrêt d’urgence ou la pente du profil en long. Les caractéristiques de circulation concernent la composition du trafic par catégories de véhicules (voitures particulières, poids lourds, motos), la nature des déplacements (domicile travail, migrations de loisirs) et les conditions d’exploitation.

L’utilisation des courbes débit-vitesse s’effectue en général sur des courbes reliant vitesse moyenne et trafic journalier moyen sur une année et obtenues par agrégation. Ces courbes s’écartent d’une notion purement technologique car elles intègrent implicitement une structure de répartition du trafic dans le temps. Leur utilisation pour prévoir les conditions de circulation à un horizon plus ou moins éloigné suppose par ailleurs que le trafic croît homothétiquement, c’est-à-dire à répartition dans le temps constante. Le modèle débit-vitesse, le plus classique, permet cependant une représentation satisfaisante du fonctionnement technologique d’une infrastructure routière. Dès lors, ce modèle est apte à prendre en compte un ajustement entre offre (capacité de l’infrastructure) et demande (quantité de véhicules) s’effectuant par l’intermédiaire d’une qualité de service variable (augmentation du temps de parcours avec le trafic).

Afin de déterminer ces temps de parcours, nous avons fait le choix 47 d’utiliser des courbes débit – temps de parcours de type BPR (d’après le Bureau of Public Roads américain). Ce choix s’explique pour plusieurs raisons :

Nous nous sommes donc appuyés sur un rapport technique du SETRA (SETRA, 2001) sur les fonctions temps-débit sur les autoroutes interurbaines pour calculer nos temps de parcours. Les données concernant les autres types d’infrastructures nous ont été également transmises par le SETRA.

Le temps de parcours est calculé à la fois pour les VP et pour les PL. L’un et l’autre tiennent compte de l’importance de chacun des types de véhicules dans le trafic total. Dans le détail, la fonction permettant de calculer les temps de parcours est la suivante, elle est ici établie pour les VP :

Les étapes de calcul pour déterminer les temps de parcours sont les suivantes :

Cette démarche de calcul est conforme aux instructions de calcul données dans le rapport technique du SETRA. La seule différence avec les résultats de l’étude du SETRA porte sur le calcul du temps de parcours à vide, c’est-à-dire le temps de parcours que mettrait un véhicule pour effectuer le trajet dans des conditions de circulation les plus favorables possibles (sans autre véhicule). L’étude part d’observations sur les vitesses pour calculer le temps de parcours à vide. Dans l’outil, nous partons des vitesses réglementaires pour calculer ces temps.

Par ailleurs, nous partons du principe que les usagers ne dépassent pas les vitesses réglementaires autorisées et qu’à partir du moment où ils sont sur l’autoroute, et dans la mesure où les conditions de circulations le permettent, ils roulent à cette vitesse jusqu’à la sortie. Leur vitesse est, bien entendu, fonction du niveau de trafic et elle est recalculée, en fonction de ce niveau, chaque année. Ce principe est repris également pour les calculs concernant les temps de parcours sur la route. Autre hypothèse, nous ne tenons pas compte des phénomènes de congestion qui pourraient exister aux entrées des villes et qui pourraient avoir des répercussions sur la vitesse sur route et autoroute. Cette hypothèse est simplificatrice, mais elle peut être prise en première approche.

Les valeurs des paramètres utilisées pour les autoroutes interurbaines sont les suivantes :

Tableau 46. Valeurs des paramètres des courbes débit – temps de parcours pour les autoroutes interurbaines
Tableau 46. Valeurs des paramètres des courbes débit – temps de parcours pour les autoroutes interurbaines

Source : SETRA

Les valeurs des paramètres utilisées pour les routes de type 7m sont les suivantes :

Tableau 47. Valeurs des paramètres des courbes débit – temps de parcours pour les routes interurbaines (type 7 m)
Tableau 47. Valeurs des paramètres des courbes débit – temps de parcours pour les routes interurbaines (type 7 m)

Source : SETRA

Les valeurs des paramètres sont susceptibles de changer selon les caractéristiques de l’infrastructure, des conditions d’exploitation et des vitesses autorisées. Nous avons retenu chaque fois les valeurs moyennes.

Les coefficients d’équivalence et de concentrations sont les suivants :

Tableau 48. Coefficient d’équivalence des PL en uvp selon le type d’infrastructure
Route Autoroute
1 PL = 3 uvp 1 PL = 2,5 uvp

Source : SETRA

Les coefficients d’équivalence sont différents selon le type d’infrastructure. Cela tient au fait qu’un PL n’a pas le même impact sur le reste de la circulation selon qu’il existe plusieurs voies (et donc la possibilité de dépassement) ou une seule.

Tableau 49. Valeurs des coefficients de concentration
Route/Autoroute
VP 1,6
PL 1,4

Source : SETRA

Les coefficients de concentration permettent de gommer les fluctuations temporelles éventuelles. Ces coefficients permettent de remplacer la connaissance des 8 760 heures de l’année par la seule connaissance du TMJA d’où nous déduisons le débit horaire moyen annuel (TMJA/24). Nous avons fait l’hypothèse que ces coefficients sont les mêmes sur route et sur autoroute.

Notes
47.

C’est aussi le choix retenu pour les calculs des temps de parcours dans le nouveau logiciel d’évaluation TransCAD.

48.

Estimation du temps de parcours des véhicules de l’instruction sur les méthodes d’évaluation des effets économiques des investissements routiers de rase campagne de 1980. Le temps de parcours d’un véhicule dans des conditions de circulation données est obtenu par interpolation linéaire des résultats dans les tableaux figurant dans le manuel d’application de mars 1982 de la présente instruction. Dans ces tableaux les temps de parcours moyens annuels sont donnés en secondes/km pour les véhicules légers (VL) et pour les poids lourds (PL) sur un tronçon de route de caractéristiques homogènes en nature, en géométrie et en trafic. En outre les temps de parcours dépendent : de la géométrie de la route, du coefficient de rampe P (en %) : ce coefficient est égal à la somme des dénivelés le long du tronçon en valeur absolue, divisée par la longueur du tronçon et du coefficient de visibilité v : ce coefficient est égal à la moyenne arithmétique, divisée par 500, des distances de visibilité mesurées en kilomètre le long du tronçon, exprimées en m et tronquées à 500.