a) La loi d’affectation du trafic

En 1994, le rapport du Commissariat Général du Plan (CGP, 1994) revient dans son annexe 1 sur l’évaluation des projets routiers. Dans cette partie, le rapport aborde le processus de génération et d’affectation des trafics, notamment avec le logiciel ARIANE qui utilise la loi d’affectation du trafic, que nous avons présentée dans le chapitre trois*.

*Note : Pour rappel : trafic total de la relation origine-destination, t1 et t2 sont les trafics à attribuer aux deux itinéraires, c1 et c2 sont les coûts de circulation sur ces itinéraires.

Le rapport fait allusion à une étude (DRCR, 1980) qui avait montré que la formule retenue pour l’affectation du trafic résultait d’une simplification dont la pertinence était douteuse. L’étude citée expliquait que l’exposant à retenir pour l’application de la loi d’affectation était non de 10, comme actuellement, mais de 20 lorsque les deux itinéraires en concurrence étaient deux routes nationales de même nature et de 8 lorsqu’une route était en concurrence avec une autoroute.

Le but ici n’est pas de redonner une valeur à l’exposant, qui, par ailleurs, est depuis longtemps fixée à 10 et utilisée comme telle, mais de montrer l’impact que peut avoir une variation de celui-ci sur le niveau de trafic détourné vers l’autoroute. Cela permet de mettre en lumière le fait que les modèles de trafic, et notamment la loi d’affectation du trafic utilisée par la Direction des Routes, peuvent être très sensibles aux paramètres pris en compte et que les évaluations sont construites à partir d’une multitude de paramètres, soumis à des variations potentielles.

Nous avons repris nos trois scénarios de référence et nous avons analysé pour chacun d’entre eux l’impact sur le bénéfice que peut avoir une valeur de l’exposant différente. Nous avons pris la valeur de 8 pour tester la sensibilité. Ce ne sont plus des élasticités qui sont présentés mais des variations en pourcentage.

Figure 28. Loi d’affectation du trafic, valeur de l’exposant et répartition du trafic

En règle générale, les coûts de circulation sur la route sont supérieurs à ceux de l’autoroute. Ainsi, pour un rapport des coûts de circulation, supérieur à 1, le niveau de trafic restant sur la route est plus élevé avec un exposant plus faible.

Tableau 71. Sensibilité du bénéfice à l’exposant de la loi d’affectation du trafic selon les trois scénarios (valeur de l’exposant passant de 10 à 8)

Source : SIMECO – Annexe (8)

Lecture du tableau : Avec un scénario de référence ‘Trafic moyen’, le passage à une valeur de l’exposant à 8 diminue de 5,8 % le bénéfice actualisé pour la collectivité.

Plus le trafic existant à l’année d’étude est faible et plus l’impact d’une valeur inférieure de l’exposant est grand sur le bénéfice. L’exposant n’a aucun impact sur le trafic induit. Par contre en déterminant le trafic restant sur la route, il conditionne fortement les résultats.