b) La limitation de la vitesse : une solution contre les émissions de CO2

Devant les impératifs environnementaux, la baisse des vitesses maximales autorisées apparaît aussi comme un moyen de parvenir à réduire les émissions de CO2. Cette idée n’est pas nouvelle. Depuis longtemps l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) le préconise 70 pour faire baisser la consommation de carburant et par conséquent les émissions de CO2. Récemment, suite à la hausse du prix du pétrole, le Ministre des Transports avait émis l’idée de limiter à 115 km/h la vitesse sur autoroute 71 . Derrière cette idée, il y avait une volonté de réduire la consommation de carburant (et donc les émissions de CO2) et de soulager le porte-monnaie des automobilistes. Mais devant une levée de boucliers cette idée a été abandonnée. Pourtant elle n’a pas été écartée des solutions avancées pour réduire les émissions de CO2. Récemment, le groupe de travail 72 en charge d'imaginer et d'évaluer les différentes voies qui permettraient d'atteindre l'objectif d’une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 a rendu son rapport (Ministère de l’Économie, Ministère de l’Écologie, 2006). Dans ce rapport, le groupe de travail propose, en ce qui concerne le secteur des transports routiers, de réduire les vitesses maximales autorisées des voitures particulières, pour commencer, à 120 km/h sur autoroute et à 100 km/h sur les voies rapides.

D’autres initiatives existent également, dont le but premier n’est pas l’abaissement des vitesses pour un objectif environnemental, mais qui, au final, pourraient avoir des effets bénéfiques sur l’environnement. C’est le cas de projets comme LAVIA (Limitateur s’adaptant à la vitesse autorisée), dont nous avons déjà parlé dans le chapitre deux. Il permettrait de limiter la vitesse des véhicules en fonction de la zone dans laquelle ils se trouvent. Si ce projet a pour but la réduction des accidents de la route, il permettrait également une réduction des émissions de CO2 via la baisse de la consommation de carburant entraînée par des vitesses plus faibles.

Ainsi, les limitations des vitesses sont devenues, en quelque temps, le principal levier d’action utilisé par la puissance publique à diverses fins. La première concerne l’amélioration de la sécurité routière, la deuxième concerne les consommations de carburants, base des émissions de polluants. Les actions engagées semblent indiquer une considération plus grande de la part de la collectivité pour ces deux contraintes du secteur des transports routiers.

Nous pouvons nous demander si ces mesures ne révèlent pas implicitement des valeurs tutélaires différentes de celles existant aujourd’hui.

Notes
71.

Dépêche Agence France Presse du 29 août 2005

72.

Le 8 septembre 2005, la Ministre de l’Écologie et du développement durable, Nelly Olin et le Ministre délégué à l’Industrie, François Loos, ont installé un groupe de travail, dit groupe de Boissieu, sur la « division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050 ».