1.1.3.2. Caractéristiques axiologiques :

L’enseignement de Maître Kobayashi était dispensé, conformément à la tradition japonaise des arts martiaux, selon une méthode privilégiant la démonstration et la mise en situation à l’explication et au discours. « Le maître, plus qu’il ne dirige, corrige ; et c’est à partir de ces corrections successives que s’opère l’apprentissage. » (Champault, 2001, p. 76) 26 .André Cognard a cependant noté les points sur lequel Kobayashi Hirokazu revenait fréquemment et qui forment la base axiologique de cet enseignement 27  :

L’aikidô n’appartient à personne, le fondateur l’a voulu universel et non pas exclusivement japonais.

L’aikidô n’est en aucun cas un sport mais ne saurait dévier du budô.

L’aikidô n’est lié à aucune religion, pas plus le shintô, que le bouddhisme ou qu’Omotokyo 28 et il ne peut, en aucun cas être une religion.

Dans l’aikidô, on ne se défend pas, on ne prend pas de garde, on ne regarde pas l’attaque. On ne domine pas, on ne se soumet pas et l’on ne fait pas de compromis.

La seule stratégie, c’est que le cœur de l’agresseur change quand il nous touche « aite no kokoro kawaru ». Pour cela, il faut donner avant de recevoir.

L’aikidôka doit se concentrer avant tout sur deux points : ne jamais blesser l’attaquant, penser que celui qui attaque fait un appel à l’aide, une demande d’amour, qu’il utilise le dernier lien possible, quand le conflit a coupé toute relation, pour recréer un lien.

L’aikidôka doit remercier de l’attaque et accomplir le geste qui fait du bien à tout.

Le K.A.K.K.H.H. s’est donné pour mission de perpétuer, de développer et de valoriser l’enseignement de Maître Kobayashi dans l’esprit où celui-ci l’a conçu. Il se garde par conséquent de tout prosélytisme religieux ou idéologique. Il rejette toute discrimination, toute attitude sectaire ou raciste. Il affirme son identité dans le respect des autres écoles et autres courants de la pratique. Il revendique le droit à la pluralité des styles et place, par-dessus tout, la liberté des êtres à suivre leur propre chemin dans le respect du droit.

Ainsi, pour nous résumer, nous pourrons dire que la pratique d’un art martial japonais traditionnel « en tant que budô » ne peut être confondue avec une pratique sportive telle qu’elle est conçue en Occident. La notion de budô nous renvoie à une démarche de recherche personnelle visant l’amélioration de l’être dans sa globalité physique et psychique. L’aikidô est né du budô mais se présente sous des aspects variables selon les enseignements des nombreuses écoles qui s’en réclament. Le Kokusai Aikidô Kenshukai Kobayashi Hirokazu Ha possède son propre enseignement, héritage de Maître Kobayashi Hirokazu (1929-1998). Nous avons insisté sur l’aspect rituel de l’aikidô. A ce propos, soulignons que celui-ci est présent dans les formes reconnaissables par l’observateur en tant que telles mais également à l’intérieur de chaque technique, autrement dit dans toute la gestuelle employée de l’entrée à la sortie du tatami. « Le « dojo », lieu de la voie, est tout entier minutieusement réglé, et livré à une ritualisation active. » (Pain, 1999, p. 71). La distinction entre techniques et rituels ne se justifie que sur un plan purement formel et en réalité chaque technique peut être apparentée à un rituel, de la même manière que chaque rituel peut être perçu comme une technique. Ces techniques ritualisées et ces rituels à connotation technique relèvent de la même nature et de la même fonction. Que sont l’une et l’autre ? C’est ce que nous nous proposons de découvrir maintenant.

Notes
26.

Il est intéressant de mettre en parallèle cet enseignement traditionnel avec certaines caractéristiques du concept d’évaluation formatrice en E.P.S. que nous avions déjà évoqué dans notre introduction : « La base du dispositif de l’évaluation formatrice repose sur la mise en œuvre de plans de remédiation de l’erreur où l’apprenant joue un rôle essentiel, à condition que les tâches soient porteuses de significations pour lui. » MORONVAL, C., cours du C.N.E.D. en ligne, page consultée le 01/11/01, http://www.guetali.fr/home/castjpau/Resscom/Moronval.htm

27.

Ces sept points sont rapportés tels qu’ils ont été transcrits par André Cognard.

28.

Secte religieuse créé au début du XXème siècle par Wanisaburo Deguchi et dont Maître Ueshiba était proche.