3.1. De la motivation des aikidoka à perpétuer un langage particulier

Les nombreuses références que nous ferons à l’œuvre maîtresse de Lev Sémionovitch Vygotski : Pensée et Langage doivent s’entendre dans le cadre de notre étude selon notre conception de la pratique de l’aikidô que nous avons assimilé à un rituel et que nous associons étroitement à une forme de langage non-verbal. Nous nous y estimons encouragé par la pensée de l’auteur lui-même : « Le langage ne revêt pas exclusivement la forme sonore. […] Chez les peuples primitifs, comme le montre Lévy-Bruhl, il existe à côté du langage oral un « langage par gestes » qui joue un rôle essentiel. Enfin, par principe, le langage n’est pas du tout nécessairement lié à un matériel (cf. le langage écrit). » (1992, p. 119). Est-ce à dire que tout système gestuel puisse être assimilé à un système langagier ? Certainement pas. « Delacroix, qui tient pour absolument juste la déduction de Köhler à propos du langage des chimpanzés, montre à bon droit que les gestes et la mimique des singes – ce n’est déjà pas, assurément, pour des raisons périphériques – ne révèlent pas le plus petit indice qu’ils expriment (plutôt, signifient) quelque chose d’objectif, c’est-à-dire qu’ils remplissent une fonction de signe. (Vygotski, 1992, p. 115). Langage et pensée sont inextricablement liées à l’humain.