3.2.8. L’ aikidô identifié à une pratique artistique

Nous avons classé cet item en dernière position alors qu’il a recueilli 5 sélections contre seulement 4 pour le précédent, l’aikidô pensé comme une philosophie. Cette décision s’explique par le fait que l’entrée « philosophie » avait été par 3 fois choisie dans les trois premières sélections alors que l’entrée « pratique artistique » n’a été optée qu’à partir de la 5ème position. Il nous a donc paru plus juste de la placer en dernière position par ordre d’importance dans notre classement. Comme précédemment, toutes les personnes qui se sont prononcées en faveur de l’item n’ont pas répondu dans leur ensemble à toutes les questions. La première de celles-ci interrogeait sur les bénéfices que l’on pouvait retirer d’une pratique artistique. Dépasser le quotidien, cultiver le beau en créant, élever son esprit à travers la relation avec ce qui nous entoure, en constituent les principaux apports : « Pour moi ce qui m’intéresse dans une pratique artistique c’est le sentiment de sublimer un peu le quotidien », « Accroissement du sens de l’esthétique et prise de conscience de la relation avec notre spiritualité », « Sensibilisation à l’humain universel », « A travers la création, se situer dans notre environnement ».

La pratique de l’aikidô dans son acceptation de pratique artistique a une influence très marquée dans la vie sociale, familiale et professionnelle de 3 pratiquants. Pour l’analyste programmeur, le regard porté sur les choses serait susceptible de changer et de devenir plus ouvert ; c’est une quête esthétique pour l’enseignante et un support à l’expression créatrice et à la communication pour le directeur technique : « Il est possible que cela intervienne dans le regard que je peux poser sur ma propre vie. Il est sans doute plus « large » que ce qui me serait accessible d’emblée. Je suis peut-être du coup plus « philosophe » (au sens populaire) que je ne serais normalement par rapport aux évènements difficiles », « Recherche du Beau », « Support de communication, d’expression et de plus de disponibilité y compris par rapport à soi-même d’où plus d’espace pour la création quelle qu’elle soit ». La 4ème personne ayant répondu à la question estime cette influence présente mais sans plus.

Sur les 5 pratiquants ayant choisi cette entrée, 3 pratiquent ou ont pratiqué une ou plusieurs autres disciplines artistiques. Une ancienne danseuse classique s’est détournée de son art initial au profit de l’aikidô, afin de mieux laisser s’exprimer une intériorité qui ne parvenait pas à se dire dans un cadre trop académique : « J’ai pratiqué la danse pendant 20 ans. Ma formation de base en danse était classique. Le principe pour moi était de rentrer dans un moule et de ce fait de correspondre à des critères artistiques précis et reconnus. En aikidô, j’ai ressenti tout de suite comme un axe totalement opposé et j’ai eu l’impression qu’enfin j’allais pouvoir exprimer une intériorité qui même si elle ne correspondait pas à des critères reconnus pouvait prétendre à une certaine légitimité ». De manière moins formelle, les deux autres ont pratiqué et pratiquent encore qui la musique ou le chant, la peinture, la sculpture, la photographie ou la calligraphie. Comme dans la pratique de l’aikidô, ils retrouvent par ces biais les notions du beau, du timing, de l’expression de soi, du partage et de l’implication : « Notion du beau, du temps juste, de l’implication générale dans l’activité », « Les similitudes essentielles sont l’expression de soi à partir du moment ou le « Soi » se précise. La grande satisfaction est la création en tant que telle et l’expression de choses inattendues dont on fait la découverte (découverte de soi à travers le regard des autres sur notre création). Partage de cette découverte ». Des 2 personnes qui n’ont jamais pratiqué une autre discipline artistique, une note néanmoins que sa pratique l’a sensibilisé à la dimension artistique, a cultivé son regard d’esthète : « L’aikidô m’a apporté une sensibilité plus contrôlée et une plus grande ouverture au monde artistique en particulier peinture, calligraphie, objets .. un plus grand ressenti (en tant qu’observateur) ».

Avec cette dernière entrée consacrée à l’identification de la pratique de l’aikidô à une pratique artistique, nous avons terminé l’exposé des résultats de notre questionnaire. Nous pouvons à ce stade constater que nous n’avions pas fait fausse route en proposant les huit items que nous avions retenus. En effet, aucun n’a été complètement boudé et l’opportunité offerte au questionné de présenter lui-même une autre entrée possible n’a pas été retenue. On peut par conséquent raisonnablement admettre que le choix est apparu pertinent aux yeux des personnes qui ont répondu. Cela va nous permettre d’esquisser non pas un véritable idéal-type de l’aikidoka appartenant au K.A.K.K.H.H., mais plutôt un essai de construction de portraits possédant des caractéristiques communes mais se différenciant néanmoins par certains traits.