Chapitre 1. La ville, le risque et la crue

I. Le couple risque-urbanisation

I.1. Le constat d’une coévolution entre risque et urbanisation

Les nombreux événements dommageables survenus ces trente dernières années ont suscité un intérêt social grandissant pour la question des risques. Si tous les espaces sont concernés, les villes semblent néanmoins concentrer et favoriser les risques. Les travaux de P. Pigeon démontrent ainsi que l’augmentation de la fréquence et de la variété des risques et l’expansion croissante de l’urbanisation semblent synchrones : « l’évolution quantitative est claire : nous assistons à une croissance historiquement inédite tant des risques déclarés que des populations urbaines, croissance qui s’accompagne d’ailleurs de leurs différenciations et diffusions spatiales » (Pigeon, 2005, p. 63).

Il semble donc y avoir un lien entre risque et urbanisation2, dont l’explication tiendrait en premier lieu à l’augmentation des témoignages de dommages et à la vulnérabilité particulière des villes, tant du point de vue quantitatif que qualitatif (Pigeon, 1994 et 2005 ; Chaline et Dubois-Maury, 1994). En ce sens, alors que le sociologue allemand U. Beck avançait le terme de société du risque (1986), ses collègues français F. Theys et J.L. Fabiani parlent quant à eux de société vulnérable (1987). L’augmentation de la vulnérabilité est liée à la généralisation du phénomène d’urbanisation, qui se traduit par une expansion spatiale, la concentration des effectifs humains, une complexité grandissante due à la multiplication des flux de toute nature ainsi qu’à la diversification et à la spécialisation accrue des fonctions urbaines (Pigeon, 1994, 2005 et 2007).

Notes
2.

L’urbanisation désigne ici à la fois le processus de transformation et le résultat de cette transformation