Les barrages écrêteurs : une solution coûteuse et une demi-mesure

Les études lancées dès 1856 pour envisager la faisabilité technique et l’efficacité de barrages de protection destinés à l’écrêtement des crues dans les grandes vallées alluviales concluent toutes à la portée limitée de telles mesures du fait de la configuration des bassins versants : la plupart des sites favorables se situent souvent trop en amont pour permettre de stocker le volume des crues, ou impliqueraient de noyer de très vastes superficies, ce qui est socialement et économiquement inacceptable.

Pour cela, les projets envisagés dans le bassin de la Garonne, du Rhône et de la Saône n’ont pas été concrétisés, excepté sur l’Ain (barrage de Vouglans pour la protection de Lyon) et sur la Durance (barrage de Serre-Ponçon) (SMEPAG, 1989 ; EDF, 1968 ; Territoire Rhône, 2001 ; ce travail, partie III). Cette solution a toutefois été retenue comme un élément du dispositif de protection de l’agglomération parisienne, mais ces derniers ne permettent de stocker que 25% du volume d’une crue du type du maximum historique de 1910 (Bravard, 2000). Il est probable que la perspective de protéger la capitale ait joué comme un argument en faveur de l’acceptation sociale du projet, à quoi s’ajoutent les retombées touristiques des retenues ainsi créées. Dans le bassin de la Loire, la construction de barrages écrêteurs, discutée depuis le milieu du XIXe siècle, a été mise en œuvre à partir des années 1950, dans l’objectif de stocker environ 500 millions de m3 au moyen de 7 ouvrages construit dans le bassin amont. Si l’un des objectifs visés était de pouvoir stocker une partie du volume des crues, la construction des barrages a surtout été motivée par la nécessité de soutenir l’étiage de la Loire afin d’assurer le refroidissement du parc nucléaire construit le long du fleuve. Les quatre premiers ouvrages ont été construits, mais la réalisation des trois suivants a suscité une vive opposition, portée notamment par l’association Loire Vivante, et a été suspendue.