Les mesures structurelles localisées comme éléments de l’urbanisation

Le système de protection contre les inondations qui a été mis en place essentiellement dans la deuxième moitié du XIXe siècle et complété au cours du XXe a posé les bases de la modernisation des villes et favorisé le développement de l’urbanisation, comme la montré D. Cœur au sujet de Grenoble (2005).

L’endiguement du lit au moyen de quais et de digues carrossables va servir d’assise aux grands axes de transport. Il a par ailleurs soustrait de vastes espaces aux inondations les plus fréquentes, permettant l’expansion urbaine dans la plaine alluviale, non sans procurer un sentiment de sécurité absolue qui favorise une augmentation de la vulnérabilité. On peut donc dire, à la suite de P. Pigeon (2005, p. 68), que les digues, et plus généralement l’ensemble des mesures de protection localisées, sont des éléments de l’urbanisation à part entière qui participent au processus de développement urbain. L’endiguement est souvent associé à l’assainissement par la mise en place d’égouts longitudinaux pour favoriser l’évacuation des eaux pluviales et éviter le refoulement des eaux de crue (Scherrer, 1992 ; Cœur, 2005 ; ce travail partie II). A Lyon, la rive gauche du Rhône se construit sur un remblai urbain destiné à limiter la stagnation des eaux en cas de rupture de digue et à s’affranchir partiellement des inondations par infiltrations (ce travail, partie II). Enfin, après la deuxième guerre mondiale, les dragages réalisés en lit mineur pour la mise au gabarit de navigation ont fourni des matériaux de construction destinés à la croissance urbaine. Les retenues de stockage remplissent elles aussi des fonctions multiples : la gestion des étiages, la production hydroélectrique, le développement d’une activité touristique liée aux loisirs aquatiques ; si elles peuvent parfois jouer un rôle dans la régulation des débits de crue, cette vocation est compromise par l’existence de ces autres usages aux exigences parfois contradictoires.