Conclusion

La relation entre le risque et l’urbanisation est donc complexe et tend à confirmer l’existence d’une spécificité du risque urbain, ce qui semble particulièrement vrai dans le cas du risque d’inondation, dont la gestion a été motivée par la primauté accordée aux intérêts des villes.

A l’issue de la crise hydroclimatique du Petit Age Glaciaire, lors de ses manifestations paroxystiques du milieu du XIXe siècle, la protection des enjeux urbains fait l’objet d’un consensus entre les édiles et l’Etat. Les vieilles cités fluviales sortent du XIXe siècle avec l’expérience traumatisante de la catastrophe qui a mobilisé les efforts des décideurs et des gestionnaires dans le but de supprimer le risque. Mais l’expansion de l’urbanisation entraîne ensuite le dépassement du rempart de protection et menace de compromettre le dispositif de défense en déplaçant le risque, tandis que l’absence de forte crue conforte les acteurs dans un sentiment de sécurité absolue en partie illusoire. Le retour d’événements de crue importants à la fin des années 1980 va matérialiser cette « crise latente » au sens de B. Picon (Picon et al., 2006) et relancer la problématique des inondations et de leur gestion.