II.1. L’expérience de la catastrophe à Prague : les crues de 1997 et 2002 et leurs conséquences

II.1.a. Un endommagement important

Suite à la grande inondation de 1890, la ville de Prague fut dotée d’un endiguement important sur les deux rives de la Vltava, achevé en 1920 (Bures, 2007). Si l’essentiel de l’agglomération fut alors pourvu d’un rempart de protection, les travaux ne furent pas réalisés dans les quartiers historiques du fait de l’opposition de la population, soucieuse de préserver le caractère patrimonial du centre ancien (ibid.). L’importance de la crue de juillet 1997, qui a inondé la Bohème orientale et la Moravie, a poussé malgré tout les édiles urbains à combler les lacunes de l’endiguement. Un système original de digues amovibles a alors été imaginé afin de protéger la ville historique. Le dispositif, inspiré du modèle viennois20, consiste en une ceinture maçonnée de 15 cm qui vient accueillir des barrières métalliques en cas de crue forte, ces dernières étant stockées le reste du temps dans des containers et amenées sur place par camions lorsque l’alerte est donnée.

Le système de parois amovibles, dont la première phase fut achevée en 2000, a été éprouvé avec succès lors de l’événement exceptionnel d’août 2002 : le nouvel endiguement a bien résisté et a conservé une revanche de 10 à 20 cm au maximum de la crue. Le dispositif a permis de sauvegarder le quartier de la Vieille Ville et l’ancien ghetto juif de Jossefov, en rive gauche de la Vltava. Il fut d’ailleurs qualifié de « mur de l’espoir » par les habitants de Prague, alors que les quartiers non encore protégés étaient tour à tour inondés. Prague n’a en effet été que partiellement épargnée par l’inondation : de nombreux quartiers restaient sans protection et ont été durement touchés. Le quartier Renaissance de Mala Strana, situé en rive droite de la Vltava, au pied du Château de Prague, les quartiers de Karlin et de Liben, en rive gauche, ont été largement inondés. On a enregistré 4 m d’eau dans certaines rues du quartier populaire de Karlin, où 10 % des maisons ont été endommagés. La crue a inondé 15 des 51 stations du métro de Prague, et en a mis 25 hors service ; la station de Florenc, la plus touchée, n’a été rouverte qu’en mars 2003. Deux des trois lignes de métro sont restées paralysées pendant 8 mois.

Si la Vieille Ville a heureusement pu être épargnée, la capitale tchèque a tout de même enregistré d’importants dégâts, causés en particulier à son patrimoine historique et culturel. Une partie des archives de la ville a été détruite et plusieurs monuments historiques ont été endommagés, en particulier le théâtre national de Prague, d’une grande valeur architecturale. Dans le quartier de Mala Strana, un certain nombre de palais et de constructions d’époque Renaissance ont été noyés sous 1 m d’eau. On a craint pour la stabilité du Pont Charles, édifié au XIVe siècle par le roi de Bohème Charles IV.

Photo 1. Repères de crue sur un immeuble du quartier de Mala Strana à Prague
Photo 1. Repères de crue sur un immeuble du quartier de Mala Strana à Prague

(cliché : C. Combe, sept. 2003)

Photo 2. Dégâts dans le quartier praguois de Karlin
Photo 2. Dégâts dans le quartier praguois de Karlin

(cliché : C. Combe, 2003).

Notes
20.

Nous parlons ici de la capitale autrichienne.